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à l’ancienne formation du fétus : nous la maintenons encore en ce moment à dater de la naissance. D’abord, elles croissent ensemble, mais chacune à leur manière, selon la diversité de leur genre, la chair en volume, l’âme en intelligence ; la chair en extérieur, l’âme en sentiment. D’ailleurs il n’est pas vrai que l’âme croisse en substance, de peur que l’on ne dise qu’elle décroît également en substance, et qu’on en conclue qu’elle s’éteint. Mais sa puissance intime, dans laquelle résident tous les trésors dont elle a été dotée à sa naissance, se développe par degrés avec la chair, tandis que la portion originaire de substance qu’elle a reçue avec le souffle divin ne change pas. Prenez une certaine quantité d’or ou d’argent, masse encore grossière. Sa forme resserrée, et moindre que sa forme future, contient toutefois dans les limites de ses dimensions tout ce qui est la nature de l’or. Ensuite, lorsque la masse est allongée en lame, elle devient plus grande qu’à son origine, par la dilatation d’un poids qui reste le même. mais non par son accroissement, en s’étendant, mais non en augmentant, quoiqu’il y ait accroissement pour elle, lorsqu’elle s’étend ainsi. En effet, elle peut croître en dimensions extérieures, quoique la substance soit immuable. Alors l’éclat de l’or et de l’argent, qui existait déjà dans le bloc, obscurci quoique réel, brille avec plus d’intensité : alors arrivent tantôt une modification, tantôt une autre, suivant la malléabilité de la matière, et d’après la volonté de celui qui la travaille ; mais sans rien ajouter à sa mesure, que la forme. Il en est de même des accroissements de l’âme ; ils n’atteignent point sa substance ; ils la développent[1].

XXXVIII. Quoique nous ayons posé ce principe préliminaire, que toutes les facultés naturelles de l’âme, qui appartiennent

  1. Provocativa, dit le Commentaire, tanquam vocantia et educentia animam e caveâ in quâ sepulta est.