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L’âme semée dans l’utérus en même temps que la chair, reçoit en même temps qu’elle son sexe, mais si bien en même temps, qu’aucune des deux substances n’a la priorité dans ce qui concerne le sexe. Si en effet dans les semences de l’une et de l’autre substance, la conception admettait quelque intervalle, de manière que la chair ou que l’âme fût semée la première, il y aurait lieu d’attribuer à l’une des deux substances, la propriété du sexe, à cause de l’intervalle qui a séparé les deux semences, afin que la chair imprimât à l’âme son sexe, ou l’âme à la chair. Apelles en effet, non pas le peintre, mais l’hérétique, en déclarant que les âmes étaient mâles et femelles avant d’entrer dans les corps, comme il l’avait appris de la bouche de Philumène, nous montre la chair recevant de l’âme son sexe, comme étant venue la seconde. Ceux qui introduisent l’âme dans la chair après l’enfantement, préjugent aussi par là même que la chair communique à l’âme, avant sa formation, le sexe masculin ou féminin. Il n’en est rien. Les semences des deux substances, indivisibles, et contemporaines dans leur effusion, subissent un travail simultané par lequel cette économie de la nature, quelle qu’elle soit, revêt les linéaments qui lui appartiennent. Du moins, les exemples primitifs rendent encore témoignage ici, puisque le mâle est formé en moins de temps : Adam en effet fut créé le premier ; la femme arrive un peu plus tard : Eve en effet fut créée la seconde. La chair de celle-ci est donc plus long-temps informe, telle qu’elle fut tirée du côté d’Adam. Toutefois elle est déjà un être animé, parce que, je le reconnais, cette portion d’Adam était alors animée. Au reste, Dieu l’eût animée elle-même de son souffle, si l’âme d’Adam n’était pas passée dans la femme, ainsi que sa chair, par voie de propagation.

XXXVII. Une puissance, ministre de la volonté divine, préside aux soins de semer l’homme dans l’utérus, de le former, de l’élaborer progressivement, quelles que soient les lois qu’elle ait mission d’exécuter. Frappée de ces considérations,