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manifestées en même temps, sans qu’il survienne dans la conception un seul intervalle qui puisse assurer à l’une des deux l’antériorité. Juge, en effet, de l’origine de l’homme par sa fin. Si la mort n’est pas autre chose que la séparation de l’âme et du corps, la vie, qui est l’opposé de la mort, ne sera pas autre chose que l’union du corps avec l’âme. Si la séparation des deux substances arrive simultanément par la mort, elle doit nous enseigner que l’union a lieu également par la vie dans l’une et l’autre substance. Nous faisons commencer la vie à la conception, parce que nous soutenons que l’âme commence à la conception. La vie en effet a le même principe que l’âme : les substances qui sont séparées par la mort sont donc également confondues dans une même vie.

Ensuite, si nous assignons à l’une la priorité, à l’autre la postériorité, il faudra distinguer aussi les temps de la semence, selon la nature de leurs degrés ; et alors quand sera placée la semence du corps ? quand viendra celle de l’âme ? Il y a plus. Si les temps de la semence demandent à être distingués, les substances deviendront aussi différentes par la différence des temps. Car, quoique nous confessions qu’il y a deux espèces de semence, l’une pour le corps, l’autre pour l’âme, nous les déclarons inséparables néanmoins, et de cette manière contemporaines et simultanées. Ne rougissons pas d’une interprétation nécessaire. Les vénérables fonctions de la nature n’ont rien dont il faille rougir. C’est la volupté, mais non l’usage, qui a souillé l’union charnelle ; l’impudicité est dans l’excès ; elle n’est pas dans la nature de l’acte. Dieu ne l’a-t-il pas béni en ces termes : « Croissez et multipliez ? » Au contraire, il a maudit ce qui en est l’abus, l’adultère, la fornication, le lupanar. Ainsi, dans cette solennelle fonction des deux sexes qui unit l’homme avec la femme, je veux dire dans ce commerce des sens, nous savons que l’âme et la chair ont chacune leur rôle ; l’âme le désir, la chair les œuvres ; l’âme les instincts, la chair les actes. Par l’effort simultané de