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que celle de Jupiter ; la mamelle d’une chienne l’allaita. Au reste, qu’il ait péri frappé par la foudre, personne ne le contestera. Si c’est par la foudre de Jupiter, Jupiter est coupable de barbarie pour avoir tué son propre fils, ou d’envie pour avoir fait périr un artiste si expérimenté. Toutefois, Pindare ne cache pas que cet Esculape exerçait la médecine avec une avarice criminelle, et que, trafiquant indignement de son art, il précipitait les vivants aux enfers, au lieu de ramener les morts à la vie. On dit que sa mère mourut du même coup que lui. Il était juste que celle qui avait enfanté un monstre montât au ciel par les mêmes degrés que lui. Les Athéniens ne laissent pas d’honorer de pareils dieux. Au nombre des morts auxquels ils offrent des sacrifices, il faut compter Esculape et sa mère. Pourquoi pas, s’ils adorent leur Thésée ? misérable dieu. . . . . qui abandonna sur un rivage étranger celle qui lui avait sauvé la vie, aussi oublieux, ou plutôt frappé de cette même démence qui avait amené la mort de son père !

XV. Il serait trop long de rappeler tous ceux que vous avez ensevelis parmi les astres et placés audacieusement parmi les merveilles de notre Dieu. Vos Castor et Pollux, votre Persée, votre Érigone méritaient aussi bien le ciel que votre Jupiter, usé par ses débauches. Mais pourquoi m’étonner de vos choix ? N’avez-vous pas transporté dans le ciel jusqu’aux chiens, aux scorpions et aux écrevisses ? Je parlerai plus tard de ceux qui dans les oracles. . . . . . N’avez-vous pas assigné aussi des dieux pour présider à la tristesse ? . . . . . . Un dieu qui sépare l’âme d’avec le corps, et que vous avez condamné, en ne lui permettant pas de résider dans vos murs. N’avez-vous point encore un dieu Coeculus qui ôte à l’œil son regard, et une Orbana qui frappe les germes d’impuissance ? Vous avez divinisé la mort elle-même.

Pour ne pas trop m’arrêter sur ce point, il n’est pas jusqu’aux cités et aux lieux qui n’aient leurs divinités : vous