Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/536

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous est inconnue. Je pourrais dire aussi que dans ces temps reculés, où nos pères étaient si grossiers, l’aspect d’un personnage inconnu frappait leurs yeux et leurs oreilles comme aurait pu le faire quelque divinité, à plus forte raison l’aspect d’un roi, et surtout du premier roi.

Je m’arrêterai quelque temps encore sur Saturne, parce qu’épuiser la question d’origine, c’est répondre d’avance à tout ce que l’on peut alléguer ensuite. Je ne passerai donc pas sous silence les témoignages des lettres divines qui méritent plus de confiance, à cause de leur antiquité. Car la sibylle a devancé toutes les littératures. Je veux parler de cette sibylle, véridique prophétesse, dont vous avez emprunté le nom pour l’appliquer aux prêtres de vos démons. Je trouve dans ses livres un sixain qui parle ainsi de Saturne, de sa descendance, et de ses actions : « Lors de la dixième génération des hommes, à partir du déluge qui ensevelit nos pères, régnèrent Saturne, Titan et Jamfet, les plus généreux enfants du ciel et de la terre. » Vous trouverez peut-être que ce témoignage est bien ancien. Mais son ancienneté ne le rend que plus respectable, puisque par sa date il touche presque à l’époque de Saturne.

XIII. En voilà assez sur le compte de Saturne et de sa postérité. Il est bien démontré que ce furent des hommes. Nous avons entre les mains une preuve abrégée, et qui sert de prescription contre l’origine des autres, sans avoir besoin de nous perdre dans les détails particuliers à chacun. Tels pères, tels fils ; des mortels n’engendrent que des mortels ; ce qui est de la terre n’enfante que ce qui est de la terre ; un degré sert de degré à un autre ; mariage, conception, naissance ; on connaît leur patrie, leurs règnes, leurs monuments. . . . . .Vous ne pouvez nier qu’ils aient reçu la naissance, croyez donc également qu’ils sont morts. Du moment que vous reconnaissez qu’ils sont morts, cessez de les reconnaître pour dieux. La force de la nature vous oblige de confesser que ceux qui n’ont pas toujours été