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à fond, c’est de n’être ni appuyée sur des conjectures incertaines, ni souillée par des fables honteuses, ni déterminée par des adoptions passives. Il faut la concevoir telle qu’elle est réellement, certaine, entière, universelle, parce qu’elle est commune à tous. Mais d’ailleurs, comment croirai-je à un Dieu, parce que le jugement l’a soupçonné, parce que l’histoire l’a divulgué, ou parce que telle ou telle cité l’a choisi ? Il est plus raisonnable de ne croire à rien que d’avoir un dieu conjectural, un dieu dont j’aie à rougir, ou un dieu consacré par l’adoption.

II. Mais on regarde les philosophes comme les maîtres de la sagesse. Pure et légitime sagesse, en vérité, que celle qui montre pour premier témoignage de sa faiblesse la variété de ses mille opinions, qui a sa source dans l’ignorance de la vérité. Quel est donc le sage, s’il est étranger à la vérité et s’il ignore Dieu, qui est tout à la fois le père et le maître de la sagesse comme de la vérité ? D’ailleurs nous avons pour nous cet oracle divin de Salomon : « La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse. » Or, pour craindre il faut connaître ; car, comment sera-t-il possible de craindre si l’on ne connaît pas ? Conséquemment, quiconque craindra Dieu, acquérant par là même la connaissance et la vérité de toutes choses, possédera la plénitude et la consommation de la sagesse. Voilà ce que n’a pas vu clairement la philosophie. Ils ont beau compulser tous les monuments littéraires, et interroger nos Écritures sacrées elles-mêmes, où ils ont puisé plus d’une fois, parce qu’elles sont plus anciennes, s’inquiétant peu de la vérité pure et sans mélange, ils n’ont pensé qu’à s’approprier ces richesses en les défigurant, entraînés les uns par la passion de la vaine gloire, les autres par l’incertitude de leurs pensées. De toutes ces mutilations, qu’est-il résulté ? Ce qu’ils avaient découvert est devenu incertain. Puis arriva un déluge d’argumentations et de subtilités sous lesquelles la vérité fut comme submergée. Ils la découvrirent, d’accord ; mais loin de l’exposer telle qu’