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pas de différence entre nous, et que nous sommes une seule et même chose ? Vous ne pouvez haïr ce que vous êtes ! Allons, donnez-nous la main, embrassons-nous mutuellement, mêlons-nous tous ensemble, sanguinaires avec sanguinaires, incestueux avec incestueux, conspirateurs avec conspirateurs, opiniâtres avec opiniâtres, extravagants avec extravagants ! Nous sommes les uns et les autres également impies envers les dieux ; nous provoquons également leur colère. Vous avez aussi parmi vous une troisième race, sinon par de troisièmes rites, au moins par son troisième sexe, sexe qui participe de l’homme et de la femme, et peut s’unir à l’un comme à l’autre. Ou bien, serait-ce que notre ressemblance avec vous vous offense ? L’égalité, d’ordinaire, engendre la jalousie et la haine. Ainsi, le potier est jaloux du potier, le forgeron du forgeron.

Mais finissons cette confession ironique, pour revenir à la vérité et à la constance dans la vérité, qui se rencontrent parmi nous seuls, et qui nous distinguent complètement de vous. Oui, nous seuls les possédons, parce qu’elles nous viennent de celui qui éclaire la science, inspire la sagesse, gouverne le jugement.

Enfin, une des maximes de votre législation, c’est que la sentence ne doit être prononcée qu’après l’audition des deux parties. Nous sommes les seuls envers qui vous violez cette loi. . . . . Par une pente naturelle à l’homme, vous obéissez à des vices que vous condamnez dans les autres. . . . . occupés d’œuvres. . . . .[1] chastes envers les étrangers, impudiques à l’égard de vous-mêmes ; courageux au-dehors, soumis à la maison. Mais n’est-ce pas une grande injustice que

  1. Le texte de ce traité ne nous est parvenu que mutilé et fort incomplet. Les lacunes sont bien plus nombreuses encore dans le second livre. Il y a des chapitres inintelligibles, tant ils sont tronqués. Il faut souvent analyser au lieu de traduire, et donner un sens d’induction à des mots qui sont associés l’un à l’autre contre toute espèce de règles logiques ou grammaticales.