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une tunique embrasée. Si une femme brava les verges, il n’y a pas longtemps qu’un païen renouvelait cet exemple de courage sous les couteaux qui le frappaient. Ainsi laissons de côté la gloire de Lacédémone.

XIX. J’en ai dit assez, il me semble, sur la stupide opiniâtreté des Chrétiens. Si nous partageons ce reproche avec vous, il nous reste à examiner pourquoi ce mépris de la mort dans les uns et les autres. Notre obstination, à nous, est fondée sur notre foi. Nous croyons à la résurrection des morts ; l’espérance de cette résurrection nous apprend à mépriser le trépas. Riez tant qu’il vous plaira de la stupidité de ces hommes qui meurent pour vivre ; mais pour vous aider à mieux rire, et à nous insulter de meilleur cœur, passez l’éponge, ou si vous l’aimez mieux, votre langue, sur tous vos monuments littéraires qui affirment avec nous que les âmes reviendront habiter dans les corps. Et cependant combien notre opinion est-elle plus raisonnable que la vôtre, puisque nous soutenons que les âmes rentreront dans les mêmes corps qu’elles animaient ici-bas, tandis que votre extravagance fait passer l’âme d’un homme dans un chien, un mulet ou un paon. Nous croyons encore que Dieu jugera les hommes, selon leurs œuvres, après leur mort. Vous, vous attribuez ce jugement à un Minos et à un Rhadamanthe ; en attendant, vous excluez Aristide qui était plus juste qu’eux. Nous disons enfin que les méchants seront châtiés par le feu éternel, et que les hommes vertueux iront jouir de l’éternité dans un lieu de délices. Votre Phlégéton et vos Champs-Elysées n’ont pas d’autre destination. Ce ne sont pas seulement vos fables et vos poètes qui parlent de ces vérités ; vos philosophes eux-mêmes rendent témoignage à la certitude d’un avenir, et le confirment par les récompenses et les châtiments qui suivent le jugement.

XX. Pourquoi donc, ô injustes nations, ne saluez-vous pas, que dis-je ? pourquoi ne maudissez-vous pas dans les Chrétiens des hommes qui vous ressemblent, puisqu’il n’y a