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des supplices, parmi des flots de sang humain, vos dieux viennent danser, et fournir aux criminels le sujet des farces qu’ils donnent au public, comme si vous vouliez punir vos divinités dans la personne des coupables. Nous avons vu l’acteur qui représentait Athys, ce dieu de Pessinunte, mutilé sur le théâtre, et celui qui jouait Hercule, comme lui brûlé vif. Nous avons vu, non sans rire beaucoup, dans les jeux de midi, Pluton, frère de Jupiter, précipiter dans les enfers, à coups de marteau, les corps des gladiateurs, pendant que Mercure, avec ses plumes sur la tête et son caducée brûlant à la main, appliquait sa baguette ardente sur les corps pour s’assurer qu’ils étaient bien morts. Si ce que j’ai dit et ce que d’autres pourront remarquer après moi, outrage et déshonore vos dieux, de pareilles licences décèlent par conséquent un mépris souverain pour leurs personnes, aussi bien dans les acteurs qui jouent que dans les spectateurs qui applaudissent. Je crains bien par conséquent que vos dieux n’aient plus à se plaindre de vous-mêmes que de nous. Il est vrai qu’ensuite vous les accablez de flatteries pour racheter vos affronts. D’ailleurs vous pouvez tout contre ceux auxquels vous avez permis d’être ; nous, au contraire, nous sommes leurs ennemis partout et toujours.

XI. Mais ce n’est pas seulement par l’abandon des anciennes croyances que nous vous ressemblons ; nous pouvons aussi vous reprocher toutes les nouvelles et monstrueuses superstitions dont vous nous accusez. Quelques-uns de vous ont rêvé que notre Dieu était une tête d’âne. Tacite est le premier auteur de cette ridicule invention. Dans le cinquième livre de ses Histoires, où il parle de la guerre des Juifs, il remonte à l’origine de ce peuple. Après avoir dit sur leur origine, leur nom et leur religion, tout ce qu’il lui plaît d’imaginer, il raconte que les Juifs, dans une de leurs marches à travers de vastes déserts, et près de mourir de soif, furent conduits à une source par des ânes sauvages, qui allaient boire après avoir mangé. Il ajoute