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de sorte que la nation la plus ancienne n’en est pas moins chrétienne. D’ailleurs quelle extravagance de prétendre, d’une part, que nous sommes les plus nouveaux ; d’autre part, que nous sommes les troisièmes ? C’est donc par rapport au culte, et non quant à la nation, que vous nous faites les troisièmes : vous dites les Romains, les Juifs, ensuite les Chrétiens. Mais que faites-vous des Grecs ? Ou si les Grecs sont compris dans les superstitions des Romains, puisque Rome demanda ses dieux à la Grèce, que deviennent les Égyptiens ? Eux aussi avaient, que je sache, une religion particulière et mystérieuse. Enfin, si les hommes de la troisième race sont si monstrueux, que penser de ceux qui avant nous appartenaient à la première et à la seconde ?

IX. Mais pourquoi m’étonner de toutes vos extravagances, quand le même docteur du mensonge vous en a inculqué mille autres, de forme naturelle, identifiées avec nous, et pleines de malice ? Reconnaissez avec moi quelle est votre démence, quoiqu’elle ne m’étonne pas. Vous nous accusez d’être la cause de toutes les calamités particulières ou publiques qui vous surviennent. Le Tibre est-il débordé ; le Nil est-il resté dans son lit ; que le ciel s’arrête, que la terre tremble, que la guerre dévaste vos champs, que la famine ravage vos cités, vous n’avez tous aussitôt qu’un cri : Les Chrétiens à la mort ! les Chrétiens à la mort ! Comme si c’était peu pour eux d’avoir à redouter encore quelque chose de plus que vos fléaux qu’ils partagent. Mais examinons. C’est sans doute parce que nous méprisons vos dieux, que nous attirons sur la terre ces désastres. Mais, comme nous l’avons dit plus haut, il n’y a pas encore trois cents ans que nous existons, et cependant que de fléaux ont pesé sur le monde avant notre apparition ! Combien de villes, combien de provinces désolées ! que de guerres étrangères et intestines ! que de pestes ! que de famines ! que d’incendies ! que de gouffres ! que de tremblements de terre ont épouvanté le siècle ! Où étaient