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des morts. Nous discuterons ce dernier dogme plus tard, quand il en sera temps. En attendant, croyez comme nous ; car je suis pressé de savoir si vous êtes prêts à marcher par les mêmes crimes que nous. Viens, ô homme, qui que tu sois ; plonge le fer dans la gorge de cet enfant ; ou si c’est là le ministère d’un autre, contemple tranquillement une âme qui meurt avant d’avoir vécu ; trempe, il le faut, ton pain dans ce jeune sang ; mange-le gaiement ; à table examine bien où sont assises ta mère et ta sœur ; ne l’oublie pas, afin qu’au moment où tomberont ces ténèbres qui mettent à l’épreuve la sagacité des assistants, tu ne te trompes pas, en te précipitant sur une étrangère. Si tu n’es pas incestueux, tu n’as rien fait. Après cela, tu auras mérité la vie éternelle. Réponds-moi donc veux-tu de l’éternité à ce prix ? Mais non, tu ne le crois pas ; quand même tu le croirais, j’affirme que tu n’en voudrais pas ; et quand même tu en voudrais, tu ne le pourrais pas. Pourquoi d’autres le pourraient-ils, si vous autres ne le pouvez pas ? Pourquoi ne le pourriez-vous pas, si d’autres le peuvent ? Ce serait acheter trop cher l’impunité, et même l’éternité, vous écriez-vous. Et nous donc croyez-vous que nous soyons déterminés à les acheter à tout prix ? Les Chrétiens ont-ils d’autres dents ? ont-ils une autre bouche ? sont-ils autrement organisés pour l’inceste ? Il n’en est rien, que je sache. Il nous suffit de différer de vous par la connaissance de la vérité.

VIII. Mais non, on nous regarde comme une troisième race d’hommes ; on nous prend pour des cynopes, des sciapodes, ou enfin des antipodes, qui viennent de dessous terre. Si vous attachez quelque sens à ces mots, expliquez-nous ce que vous entendez par la première et la seconde race, afin que nous sachions ce qu’est la troisième. Un certain Psamméticus s’imagina avoir trouvé un moyen ingénieux pour découvrir le peuple qui appartenait à la première race. Il prit, dit-on, deux enfants nouveau-nés, et les fit nourrir par une femme à laquelle il avait auparavant fait