Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/467

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des vers qui bouillonnaient dans ses plaies: " N'en dites rien à qui que ce soit, s'écriait-il, de peur que les Chrétiens ne s'en réjouissent. " Ensuite, plein de repentir d'avoir détourné quelques-uns de leur foi, et reconnaissant son erreur, il mourut presque Chrétien. "Triomphez, Chrétiens," fut le dernier cri de Cécilius Capella, sur les ruines de Byzance[1]. Ceux qui s'imaginent nous avoir persécutés impunément, sauront à quoi s'en tenir au jour du jugement de Dieu. Quant à toi, Scapula, puisse la maladie qui te travaille, n'être qu'un simple avertissement; mais souviens-toi qu'elle n'a commencé qu'après l'ordre donné par toi de livrer aux bêtes Mavilus d'Adrumet. Aujourd'hui encore le sang appelle le sang. Du reste, songe à l'avenir.

IV. Loin de nous la pensée de chercher à t'épouvanter, nous qui n'avons peur de personne! mais nous voudrions sauver tous les hommes, en les persuadant de ne pas s'attaquer à Dieu. Ne pourrais-tu pas, tout en remplissant les devoirs de la magistrature, rester fidèle à l'humanité, puisque vous aussi vous êtes sous le glaive? Condamner les coupables qui avouent, appliquer à la torture les coupables qui nient; la loi n'exige rien de plus. Or, n'êtes-vous pas les premiers infracteurs de la loi, en torturant ceux qui avouent pour les contraindre à nier? Tant il est vrai que vous proclamez notre innocence quand vous ne voulez pas nous frapper sur notre simple déclaration.

Direz-vous que vous voulez nous écraser? mais alors vous faites donc à l'innocence une guerre à mort! Combien de magistrats, plus affermis que toi dans la haine et d'ailleurs moins humains, ont essayé d'étouffer ces iniques procédures! Ainsi Cincius Sévérus était le premier à

  1. Cécilius Capella, selon Baronius et Dion, gouverneur de Byzance sous l'empereur Sévère, persécuta cruellement les Chrétiens. Il trahit Sévère pour embrasser le parti de Pescennius Niger. L'empereur vint mettre le siège sous les murs de Byzance dont il s'empara. Capella, en mourant dans les supplices, poussa un cri: Gaudete, Christiani.