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du monde avant le jour du combat et vous soumettre à ces laborieux exercices, afin de fortifier votre courage. Voyez en effet les athlètes ! On les ploie au joug d’une discipline sévère, afin qu’ils bâtissent l’édifice de leur corps ; on les tient éloignés des plaisirs, des aliments recherchés, des boissons délicieuses ; on les gêne, on les fatigue, on les torture. Plus ils se sont endurcis à ce régime, plus ils comptent sur la victoire. Et pourquoi tant de peine ? « Pour acquérir, dit l’Apôtre, une couronne corruptible. » Pour nous, qui en attendons une incorruptible, regardons le cachot comme un gymnase où, éprouvés de mille manières différentes, nous devons arriver avec gloire devant le tribunal de Dieu, parce que, si la vertu s’entretient par le travail, elle se perd par la mollesse.

IV. « La chair est faible et l’esprit est prompt ; » le précepte du Seigneur nous l’apprend. Gardons-nous donc de nous flatter, puisque la chair est faible, de l’aveu même du Seigneur. Mais en nous déclarant aussi que « l’esprit est prompt, » il a voulu nous montrer lequel des deux doit être soumis à l’autre, c’est-à-dire, que la chair doit obéir à l’esprit, le plus faible au plus fort, afin que la faiblesse de l’une se fortifie de la vigueur de l’autre. Ainsi donc que l’esprit s’entretienne avec la chair pour leur salut commun, non plus des privations de leur cachot, mais du combat qui va se livrer. Sans doute la chair appréhendera le glaive pesant, la croix qui lui ouvre ses bras, la rage des bêtes féroces, les flammes si cruelles d’un bûcher, et tout ce que l’ingénieuse barbarie des bourreaux peut inventer de supplices. Mais l’esprit, venant au secours de ses défaillances, lui représente que ces tortures, quelque cruelles qu’elles soient, ont été souffertes, que dis-je ? ont été recherchées volontairement, dans l’intérêt d’une vaine gloire ou d’une renommée éphémère, non-seulement par des hommes, mais même par des femmes, afin de vous apprendre par là, servantes de Jésus-Christ, à vous montrer dignes de votre sexe.