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mêmes, aurait dû se faire des amis plutôt que des ennemis, et partager avec nous l’administration des biens, afin de nous délivrer par là des péchés qui nous rendaient esclaves et débiteurs de Dieu. Alors Israël, ayant commencé de perdre la faveur de son maître, entrait, à l’ombre de notre foi, dans les tabernacles éternels. Mais attache à ce précepte et à cette parabole tout autre sens que tu voudras, pourvu que tu saches qu’il n’est pas vraisemblable que les concussionnaires dont nous nous serons fait, des amis à j’aide de Mammon « puissent nous recevoir alors dans les tabernacles éternels. »

Toutefois, que ne persuade point la pusillanimité ! Comme si l’Ecriture permettait de fuir et ordonnait de se racheter ! Ce serait peu assurément qu’un ou deux Chrétiens renversés par elle. La voilà qui essaie de lever un tribut sur toute l’Eglise en masse. Faut-il en pleurer ? faut-il en gémir ? Les Chrétiens aujourd’hui sont inscrits, comme des objets de concussion, sur les registres des bénéficiaires et des espions, parmi les cabaretiers, les bouchers, les escrocs, les baigneurs, les joueurs et les maîtres d’impudicité. Est-ce donc pour que les évêques jouissent tranquillement de leur royauté, sous prétexte d’administrer, que les Apôtres ont fondé l’épiscopat ? Voilà sans doute la paix que le Christ, en retournant vers son Père, ordonna d’acheter à des soldats par des présents dignes des saturnales.

XIV. Mais comment pourrons-nous nous rassembler ? dis-tu ; comment célébrer ensemble le jour du Seigneur ? — Ainsi que le faisaient les Apôtres, qui demandaient leur sécurité à leur foi et non à l’argent. « Si la foi est capable de transporter les montagnes, » à plus forte raison d’éloigner un soldat. Fais-toi un rempart de ta sagesse et non de ton or. Car tu ne seras point à l’abri des fureurs du peuple, pour avoir corrompu quelques soldats mercenaires. Pour te protéger, tu n’as besoin que de la foi et de la sagesse. Sans elles, tu peux perdre le prix de ta rançon ;