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montrer, après avoir déclaré la nature de ces substances, que sans l’Esprit elles sont impuissantes par elles-mêmes. Voilà pourquoi il ajoute : ce L’Esprit est prompt, » afin qu’au souvenir de ces deux substances, tu reconnaisses que tu portes en toi-même la force de l’esprit aussi bien que l’infirmité de la chair, et que tu saches par là en vertu de quel principe tu dois agir, et qui doit commander, c’est-à-dire le plus fort au plus faible, au lieu de prétexter, comme lu le fais dans ce moment, l’infirmité de la chair, en dissimulant à dessein la force de l’esprit.

Le Christ lui-même demanda à son Père « d’éloigner de lui, si cela était possible, le calice de sa passion. » Eh bien ! demande-le toi aussi, mais en demeurant comme lui, mais en te bornant à demander, mais en ajoutant avec lui : « Que votre volonté soit faite, et non la mienne ! » Or, si tu fuis, comment le demanderas-tu, puisque tu prends sur toi d’éloigner le calice d’amertume, faisant ta propre volonté, mais non celle de ton Père ?

IX. Les Apôtres ont tout enseigné, tout évangélisé, conformément à la doctrine de Dieu. Où trouves-tu qu’ils aient rétabli le précepte de fuir de ville en ville ? Assurément ils ne pouvaient imposer l’obligation de fuir, si contraire à leurs propres exemples, eux qui, du fond des cachots et des îles où les avait relégués la persécution, non pas pour avoir fui, mais pour avoir confessé le Seigneur, écrivaient aux Eglises. Paul ordonne de soutenir les faibles ; bien entendu qu’ils ne fuyaient pas ; comment aurait-on pu soutenir des absents ? S’il dit qu’il faut soutenir par la patience ceux qui ont. failli par la faiblesse de leur foi, consoler les pusillanimes, ce n’est pas les engager à fuir. Quand il nous recommande « de ne pas donner entrée au démon, » il ne nous donne pas le conseil de fuir, mais il nous apprend à modérer la colère. S’il dit « qu’il faut racheter le temps parce que les jours sont mauvais, » c’est par la sagesse de notre vie et non par la fuite qu’il veut que nous mettions le temps à profit. D’ailleurs, « celui qui nous ordonne de