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jusqu’à la fin ? Une pareille contradiction répugne à la sagesse divine. Donc, encore un coup, le précepte de la fuite avait alors son but, comme nous l’avons démontré.

-— Mais Dieu, nous dit-on, prenant en pitié la faiblesse de quelques-uns, en vertu de sa compassion néanmoins, a ouvert la fuite comme un port de salut.

— Dieu, sans doute, n’était pas capable de protéger pendant la persécution ceux dont il connaissait la faiblesse, sans le secours d’une fuite si honteuse, indigne manœuvre des esclaves. Non, le Seigneur, au lieu d’encourager les faibles, les répudie toujours, en leur apprenant avant tout qu’il ne faut pas fuir les persécuteurs, ou plutôt qu’il ne faut pas les redouter. « Ne craignez point ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l’âme ; mais plutôt craignez ; celui qui peut précipiter l’âme et le corps dans l’enfer. » Ensuite que dit-il à la pusillanimité ? « Celui qui estime sa vie plus que moi n’est pas digne de moi. Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple. » Enfin, dans l’Apocalypse, il est si loin de permettre la fuite à la faiblesse, qu’il « lui réserve une place dans l’étang de soufre et de feu, qui est la seconde mort. »

VIII. Le Christ lui-même a fui plus d’une fois la violence, mais par la même raison qu’il prescrivit aux Apôtres de fuir, jusqu’à ce qu’il eût rempli sa mission. Ce grand œuvre une fois achevé, non-seulement il demeura ferme ; non-seulement il ne demanda point à son Père le secours de ses anges et de ses légions, mais il blâma Pierre d’avoir tiré le glaive. Sans doute il avoua « que son âme était triste jusqu’à la mort » et « que sa chair était faible, » pour apprendre d’abord par la tristesse de son âme et la faiblesse de sa chair, qu’il réunissait dans sa personne les deux substances humaines, afin que l’on, ne supposât pas, comme l’ont fait quelques-uns de notre temps, que sa chair ou que son âme était différente de la nôtre ; ensuite pour nous