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D’ailleurs, s’ils avaient à fuir dans une autre ville, ce n’était point en secret, mais pour annoncer partout la parole, et conséquemment s’exposer à. de nouvelles persécutions, jusqu’à ce qu’ils eussent rempli la contrée de leurs prédications. « Vous n’achèverez pas, leur dit-il, de parcourir toutes les villes de la Judée. » Tant il est vrai que le précepte de fuir était renfermé dans les limites de la Judée. Pour nous, notre prédication n’est point enfermée dans la Judée, « depuis que l’Esprit saint a répandu ses effusions sur toute chair. » Aussi Paul et les Apôtres, se rappelant les ordres de leur maître, font-ils celle déclaration devant Israël, qu’ils avaient déjà rempli de leur doctrine : « C’était à vous qu’il fallait annoncer premièrement la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voilà que nous allons vers les Gentils. » Ils tournèrent en effet leurs pas ailleurs, comme l’avaient institué leurs prédécesseurs ; ils marchèrent dans la voie des nations, et ils entrèrent dans les cités des Samaritains, « afin que leur voix retentît par toute la terre, et que leur parole fût portée jusqu’aux extrémités du monde. » Si la barrière des nations est tombée, si l’interdiction des villes de Samarie a cessé, pourquoi le précepte de la fuite, qui avait la même origine, n’aurait-il pas cessé aussi ?

Enfin du jour où. Israël fut rassasié et où les Apôtres passèrent chez les nations, ils ne fuirent plus de ville en ville, et n’hésitèrent plus à souffrir. Paul lui-même, qui avait consenti à s’échapper de sa prison en se faisant descendre le long de la muraille, parce qu’alors la fuite était obligatoire, sur la fin de son apostolat et lorsque le précepte n’existait plus, ne se rendit point aux supplications de ses disciples, qui le conjuraient avec larmes de ne point se rendre à Jérusalem, où Agabus avait prédit qu’il souffrirait le martyre. Loin de là : « Pourquoi, leur dit-il, contristez-vous mon cœur par vos gémissements ? J’ai souvent désiré, non pas seulement d’être enchaîné, mais immolé