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pas l’espérance la meilleure, c’est-à-dire que nous confesserons courageusement, à moins que tu ne veuilles bien confesser, mais sans souffrir ? Or, ne pas confesser hautement, c’est renier.

Si, au contraire, tout est entre les mains de Dieu, pourquoi n’abandonnons-nous pas le tout à sa volonté, en reconnaissant la vertu et la puissance de celui qui peut également ou ramener le fugitif en face des persécuteurs, ou couvrir du voile de sa protection ceux qui n’ont pas fui, que dis-je ? ceux qui continuent de se montrer au milieu du peuple ?

Etrange conduite vraiment ! S’agit-il de fuir, lu rends hommage à Dieu, en reconnaissant que tout fugitif que tu es, il peut te ramener au milieu des persécuteurs. Mais s’agit-il de lui rendre publiquement témoignage, tu l’insultes en désespérant de l’efficacité de sa protection ! Pourquoi, armé de fermeté et de confiance en Dieu, ne dis-tu pas : « Pour moi, je fais mon devoir, je reste à mon poste ; Dieu saura bien me protéger, s’il le veut. » Oui, tel est notre devoir, rester en nous remettant à la volonté de Dieu, plutôt que de fuir en nous confiant à la nôtre. Le très-saint martyr Rutilius, ayant fui tant de fois de contrée en contrée pour échapper à la persécution, ayant même cru se racheter du péril à prix d’argent, au milieu de la fausse sécurité qu’il avait tant travaillé à acquérir, fut saisi à l’improviste, conduit devant le gouverneur, appliqué à de longues tortures, sans doute pour châtier sa désertion : enfin il fut livré aux flammes, et remporta par la miséricorde de Dieu la couronne du martyre auquel il se déroba long-temps. Quel autre enseignement le Seigneur a-t-il voulu nous donner par cet exemple, sinon qu’il ne faut pas fuir, parce que la fuite est inutile, si Dieu ne la veut pas ?

VI. — Vous vous trompez ; dites plutôt qu’il a rempli le précepte en fuyant de cité en cité.

— Ainsi a voulu raisonner un Chrétien, qui lui-même avait