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la persécution. Car s’il est vrai que la persécution vienne de Dieu, il ne faut, sous aucun prétexte, fuir ce qui vient de Dieu. D’ailleurs deux raisons nous le défendent. D’abord on ne doit pas éviter, ensuite on ne peut éviter ce qui vient de Dieu. On ne doit pas l’éviter, parce que cela est bon, puisqu’une chose qui a paru bonne à Dieu l’est nécessairement. N’est-ce pas pour cela qu’il est écrit dans la Genèse : « Et Dieu vit que cela était bon ? » non pas qu’il eût besoin de voir l’œuvre pour juger qu’elle était bonne, mais pour nous apprendre par là que ce qui a paru bon à Dieu ne peut, manquer de l’être.

Sans doute il y a bien des choses qui, tout eh venant de Dieu, arrivent pour le mal de quelques-uns : cela ne les empêche pas d’être bonnes en elles-mêmes, puisqu’elles viennent de Dieu, en tant que divines et raisonnables. Comment une chose pourrait-elle être divine sans être bonne et raisonnable ? Qu’y a-t-il de bon sans être divin ? Qu’importé le jugement de chacun ? Le jugement de l’homme n’est pas antérieur à l’essence de la vérité, mais l’essence de la vérité au jugement de l’homme. L’essence est quelque chose d’absolu, d’immuable, qui, imposant sa loi à l’opinion, veut que l’on estime l’essence ce qu’elle est véritablement. Si tout ce qui vient de Dieu est bon dans son essence, car rien ne peut venir de lui qui ne soit bon, parce que chez lui tout est raisonnable et divin ; si, d’autre part, celle même chose paraît, au jugement de l’homme, mauvaise, sachons-le ! l’essence est immuable, mais notre jugement faillible. La chasteté, la vérité, la justice, qui déplaisent au plus grand nombre, sont essentiellement bonnes. Faudra-t-il pour cela que l’essence se soumette au jugement ?

Il en va de même de la persécution : bonne par elle-même, puisqu’elle n’est rien moins qu’une disposition raisonnable et divine, elle déplaît au jugement de ceux pour le mal de qui elle arrive. Tu le vois néanmoins ; ce prétendu mal s’accorde toujours avec la sagesse de Dieu, soit que