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TERTULLIEN.


dont tu ne peux t’empêcher de haïr les inventeurs ?

Nous voulons maintenant dire un mot des arts et des inventions de ceux que nous détestons jusque sous ces noms. Les noms des morts, nous le savons, ne sont rien, pas plus que leurs simulacres. Mais nous n’ignorons pas quels sont ceux qui, sous ces noms et ces simulacres d’emprunt, agissent, triomphent, et contristent la divinité, c’est-à-dire les esprits malfaisants ou les démons. Il est manifeste par là que les actions théâtrales sont consacrées à ceux qui se sont réfugiés sous le nom de leurs inventeurs, et par conséquent que les jeux, dont les fondateurs sont regardés pour cette raison comme des dieux, sont entachés d’idolâtrie. Il y a plus : quant à ce qui concerne ces inventions, j’aurais dû établir avant tout que les démons, prévoyant dès l’origine que le plaisir des spectacles serait un des moyens les plus actifs pour introduire dans le monde l’idolâtrie, arracher l’homme à son Créateur et l’enchaîner à leur propre culte, révélèrent eux-mêmes à l’homme ces inventions criminelles. À eux, en effet, d’inspirer ce qui devait tourner à leur gloire ! Pour enseigner cette science fatale, ils ne devaient point employer d’autres instruments que les hommes sous le nom, le simulacre et l’apothéose desquels ils se proposaient de tromper l’univers.

XI. Pour demeurer fidèle à notre plan, arrivons aux combats athlétiques. Leur origine est à peu près la même que celle des autres jeux. Aussi les divise-t-on en jeux funèbres et sacrés, là dédiés aux morts, ici aux dieux des nations : de là leurs titres idolâtriques. Les jeux olympiques honorent Jupiter : à Rome, ils se nomment capitolins ; Apollon a ses jeux pythiens ; Hercule ses néméens, Neptune ses isthméens. Quant aux autres, ils se célèbrent à la mémoire des morts. Qu’y a-t-il d’étonnant que l’idolâtrie souille l’appareil de ces jeux ? J’y vois des couronnes profanes ; des pontifes y président ; des prêtres y sont députés par leurs colléges ; enfin le sang des victimes y coule