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TERTULLIEN.


il condamne du même coup toutes les nations pécheresses. Ainsi toute nation pécheresse est pour lui l’Égypte et l’Éthiopie ; c’est l’espèce pour le genre. Il en use de même pour les spectacles, qu’il appelle « l’assemblée des impies. » C’est le genre pour l’espèce.

IV. Mais pour que l’on ne s’imagine pas que je cherche des subtilités, j’invoquerai l’autorité plus décisive de notre sceau baptismal. Lorsque, descendus dans l’eau régénératrice, nous avons fait profession de la foi chrétienne, en lui empruntant les paroles de sa loi, nous avons déclaré par notre propre bouche que nous renoncions au démon, à ses pompes et à ses anges. Or, où le démon, ses pompes et ses anges dominent-ils avec plus d’empire que dans l’idolâtrie ? N’est-elle pas comme le trône de l’esprit immonde et malfaisant ? car je ne veux pas m’étendre davantage sur ce point. Si donc je démontre que l’appareil et la magnificence des spectacles reposent sur l’idolâtrie, j’aurai établi un préjugé certain que les engagements pris à notre baptême impliquent aussi la renonciation aux spectacles, espèce de sacrifice que l’idolâtrie offre à Satan, à ses pompes et à ses anges. Nous remonterons donc à l’origine de chaque spectacle en particulier, pour savoir comment ils se sont introduits dans le monde ; de là, nous examinerons les titres de quelques-uns, et les noms dont ils sont appelés ; puis viendront l’appareil et les superstitions qui les accompagnent ; les lieux nous montreront ensuite à quelles divinités ils sont consacrés ; et enfin la nature de leurs représentations, quels ont été leurs fondateurs. Si quelqu’une de ces choses est étrangère aux idoles, alors elle n’aura rien de commun avec l’idolâtrie ni avec les serments de notre baptême.

V. L’origine des jeux étant obscure et inconnue à la plupart de nos frères, nous n’avons dû la chercher ni plus haut ni ailleurs que dans les monuments littéraires des païens. Il nous reste plusieurs de leurs écrivains qui ont traité de cette matière. Quant à l’institution première des