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d’appliquer au culte des idoles tout ce que nous pratiquons dans la célébration de nos mystères, n’a pas manqué de faire aussi servir nos livres saints à établir une doctrine sacrilège et ennemie de la nôtre : il a pour cela altéré et le sens, et les termes, et les figures. Il est donc certain que c’est le démon qui a inspiré tous les hérésiarques, et que l’hérésie ne diffère pas au fond de l’idolâtrie, puisqu’elles ont le même auteur qui les a formées toutes les deux sur le même dessin. Si toutes les hérésies ne supposent pas un dieu ennemi du Créateur, du moins elles représentent celui-ci tout autre qu’il n’est. Or, tout mensonge, toute fausseté qui a pour objet la Divinité, est une espèce d’idolâtrie.

XLI. Je ne dois pas omettre de décrire ici la conduite des hérétiques, combien elle est frivole, terrestre, humaine, sans gravité, sans autorité, sans discipline, parfaitement assortie à leur foi. On ne sait qui est catéchumène, qui est fidèle ; ils entrent, ils écoutent, ils prient pêle-mêle, et même avec des païens, s’il s’en présente : ils ne se font pas scrupule de donner les choses saintes aux chiens, et de semer des perles (fausses, à la vérité) devant les pourceaux. Le renversement de toute discipline, ils l’appellent simplicité, droiture ; et notre attachement à la discipline, ils le traitent d’affectation. Ils donnent la paix à tout le monde indifféremment. Opposés les uns aux autres dans leur croyance, tout leur est égal, pourvu qu’ils se réunissent pour triompher de la vérité. Tous sont enflés d’orgueil, tous promettent la science. Les catéchumènes sont parfaits, avant que d’être instruits. Et leurs femmes, que ne se permettent-elles pas ? elles osent dogmatiser, disputer, exorciser, promettre des guérisons, peut-être baptiser. Leurs ordinations se font au hasard, par caprice et sans suite. Tantôt ils élèvent des néophytes, tantôt des hommes engagés dans le siècle, tantôt même nos apostats, pour s’attacher par l’ambition ceux qu’ils ne peuvent retenir par la vérité. Nulle part on n’avance, comme dans le camp