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auront beau inventer, ils ne gagneront rien, car leur doctrine, rapprochée de celle des Apôtres, prouve assez, par son opposition, qu’elle n’a pour auteur ni un Apôtre ni un homme apostolique. Les Apôtres n’ont pu être opposés l’un à l’autre dans leur enseignement ; les hommes apostoliques n’ont pu l’être aux Apôtres, si vous exceptez ceux qui les ont abandonnés. Oui, que les hérétiques montrent la conformité de leur doctrine à la doctrine apostolique ; c’est le défi que leur font ces Églises trop modernes pour avoir pu être fondées par les Apôtres ou par leurs successeurs immédiats, ou qui même s’établissent tous les jours ; mais, comme elles professent la même foi, elles n’en sont pas moins regardées comme apostoliques, à cause de la consanguinité de la doctrine. Toutes les hérésies sont donc sommées par nos Églises de justifier, par leur doctrine ou parleur origine, qu’elles sont apostoliques, comme elles le prétendent ; mais elles ne sauraient justifier ce qui n’est point. La différence de leur doctrine démontre au contraire qu’elles ne sont rien moins qu’apostoliques : c’est pourquoi aucune Église apostolique ne les reçoit à la paix et à la communion.

XXXIII. Je vais maintenant passer en revue leur doctrine, qui remonte au temps des Apôtres, puisque les Apôtres l’avaient découverte et anathématisée. Pourront-elles échapper à leur condamnation, après qu’elles seront convaincues, ou d’avoir existé dès-lors, ou du moins de sortir des hérésies qui existaient dès-lors ? Paul, dans sa première Epître aux Corinthiens, condamne les hérétiques qui nient ou révoquent en doute la résurrection. C’était l’erreur des Saducéens, adoptée en partie par Marcion, Apelles, Valentin, et les autres qui rejettent la résurrection des corps. Dans l’Epître aux Galates, il s’élève contre les observateurs et les partisans de la circoncision et de la loi : c’est l’hérésie d’Ebion. Instruisant Timothée, il censure ceux qui défendent le mariage : Marcion et son disciple Apelles le défendent. Il reprend aussi les sectaires qui soutiennent