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aux Gentils. Au reste, si Pierre a été repris de ce qu’après avoir vécu avec les Gentils, il s’en séparait par respect humain, c’était une faute de conduite, et non pas une erreur dans l’enseignement de la foi : aussi n’annonçait-il pas un autre Dieu que le Créateur, un autre Christ que le Fils de Marie, une autre espérance que la résurrection.

XXIV. Je n’aspire pas assurément à la gloire ; pour parler plus juste, je n’aurai pas la témérité de faire combattre ensemble deux Apôtres : mais comme nos adversaires ne nous objectent cette réprimande de Paul que pour rendre suspecte la doctrine de Pierre, je répondrai pour celui-ci que Paul lui-même a dit qu’il s’était fait, tour à tour Juif pour les Juifs, Gentil pour les Gentils, afin de les gagner tous. Ainsi, les Apôtres, eu égard aux motifs, aux circonstances des temps et des personnes, blâmaient certaines choses qu’ils faisaient eux-mêmes dans des circonstances différentes. Pierre aurait pu reprendre à son tour Paul de ce que défendant la circoncision, il avait cependant fait circoncire Timothée. C’est à ceux qui jugent les Apôtres à peser toutes ces considérations : du moins on accordera que Pierre et Paul furent réunis dans le martyre. Quoique Paul, ravi au troisième ciel, y ait appris de grands mystères, cela n’a pu apporter de changement dans sa prédication, puisqu’ils étaient de nature à n’être révélés à personne. Si cependant ils sont venus à la connaissance de quelqu’un, et que les hérétiques se vantent de les soutenir, il faut aussi qu’ils conviennent que Paul a violé le secret, ou qu’ils nous fassent voir quelqu’autre, ravi au ciel depuis, qui ait eu permission de publier ce qu’il était ordonné à Paul de taire.

XXV. Mais, comme nous l’avons dit, c’est une égale folie, en avouant que les Apôtres n’ont rien ignoré, et qu’ils n’ont pas prêché de doctrines opposées, de prétendre cependant qu’ils n’ont pas communiqué à tous tout ce qu’ils savaient ; mais qu’ils ont enseigné publiquement certaines choses,