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de l’ame. Elle est divine et éternelle, selon les uns, mortelle et corruptible, selon les autres. Chacun ajoute ou retranche à sa fantaisie.

Mais pourquoi nous étonner que les philosophes, avec leurs imaginations, aient défiguré les croyances primitives, puisque de nos jours des hommes, sortis de cette semence, ont corrompu sous un mélange adultère les nouveaux livres des Chrétiens, en y interpolant avec des dogmes arbitraires, des opinions philosophiques, et ont ouvert sur cette route large et droite mille sentiers tortueux, labyrinthe inextricable ? Ceci, je ne l’insinue qu’en passant, de peur que le grand nombre de sectes qui divisent le Christianisme ne fournisse un nouveau prétexte de nous comparer aux philosophes, et que les divergences de leurs doctrines ne se confondent avec la vérité de notre religion.

A tous ces corrupteurs de l’Evangile, nous opposons l’argument invincible de la prescription ; que la seule religion véritable est celle qui, enseignée par Jésus-Christ, nous a été transmise par ses disciples. Tous les novateurs ne sont venus qu’après. C’est dans la vérité même, qu’à la suggestion des esprits trompeurs, ils ont cherché des matériaux pour bâtir l’échafaudage de leurs erreurs sur les ruines de la vérité. Eux seuls ont infecté notre salutaire doctrine par un alliage impur ; eux seuls ont mêlé à nos saintes croyances des fables qui en infirment l’autorité par un faux air de ressemblance avec elles, et s’infiltrent dans les esprits crédules. Qu’arrive-t-il alors ? On ne sait s’il faut croire les Chrétiens, par la raison qu’il ne faut croire ni les poètes, ni les philosophes ; ou bien s’il faut ajouter foi aux poètes et aux philosophes, sous le prétexte que les Chrétiens ne méritent pas d’être crus. Aussi, que nous proclamions le jugement à venir de Dieu, on se moque de nos prédications, parce que les poètes et les philosophes ont imaginé un tribunal dans les enfers ! Menaçons-nous de feux souterrains, trésor de colère destiné au châtiment du crime ?