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que les Lacédémoniens avaient changé quelque chose à ses lois. Un Chrétien rend grâces aux bourreaux qui l’ont condamné. Si je compare la bonne foi, Anaxagore nie le dépôt qui lui a été confié par ses hôtes : la bonne foi des Chrétiens est vantée par les païens eux-mêmes. Si je considère la bonté, Aristote chasse son ami Hermias du poste qu’il occupait. Un Chrétien n’humiliera point son ennemi. Le même Aristote flatte bassement Alexandre pour le gouverner ; Platon se vend à Denys le Tyran, pour être admis aux délices de sa table ; Aristippe, sous la pourpre et sous le masque de la gravité, s’abandonne à la débauche ; Hippias est tué dans ses tentatives pour opprimer sa patrie : jamais un Chrétien ne s’est rien permis contre l’État, pas même pour venger les Chrétiens, quelques persécutions qu’ils aient subies.

On nous objectera peut-être qu’il en est aussi parmi nous qui s’affranchissent des règles de notre discipline. On oublie d’ajouter que, ceux-là, nous ne les regardons plus comme des Chrétiens ; mais les philosophes, après tant de crimes et de bassesses, conservent parmi vous le nom et les honneurs de sages. Quel rapport existe-t-il donc entre un philosophe et un Chrétien ? entre un disciple de la Grèce et un disciple du ciel ? entre un homme qui poursuit une vaine gloire, et un homme exclusivement occupé de son salut ? entre un homme qui parle en sage, et un homme qui vit en sage ? entre un homme habile à détruire, et un homme qui ne sait qu’édifier ? Comment pouvez-vous comparer le partisan de l’erreur avec son antagoniste ? le corrupteur de la vérité avec son vengeur ? celui qui la dérobe, et celui qui en est le possesseur et le gardien le plus antique ? Encore une fois, entre ces deux hommes, où sont les points de contact ?

XLVII. L’antiquité’ de nos livres saints, établie précédemment, vous inclinera à les regarder comme le trésor où vos sages sont venus puiser leurs richesses. Si je ne craignais de grossir démesurément cet ouvrage, la démonstration