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de l’infidélité d’une épouse étrangère, condamné à avoir pour père un dieu que l’amour métamorphose en serpent, en taureau, en oiseau et en pluie d’or. Vous reconnaissez là votre Jupiter. Mais le Fils de Dieu n’a point de mère qui l’ait mis au jour d’une manière impure : la mère qu’il parut avoir ne connaissait aucun homme. Je vais vous expliquer sa nature, pour vous faire entendre le mystère de sa naissance.

J’ai dit que Dieu avait créé le monde par sa parole, sa raison et sa puissance ; vos philosophes même conviennent que Logos, c’est-à-dire le Verbe, la sagesse, est l’architecte de ce monde. Zenon le désigne comme le sublime ouvrier qui a tout arrangé, disposé ; il l’appelle Destin, Dieu, l’ame de Jupiter, la nécessité de toutes choses. Selon Cléanthe, ce sont là les attributs de l’Esprit répandu dans toutes les parties de l’univers. Nous disons aussi, nous, que la propre substance du Verbe, de la raison et de la puissance, avec laquelle Dieu a tout fait, est un Esprit, Verbe quand il ordonne, raison quand il dispose, puissance quand il exécute. Nous avons appris que cette parole, ce Verbe, Dieu l’a proféré, et en le proférant l’a engendré, et que par là il est Fils de Dieu lui-même par l’unité de substance ; car Dieu est Esprit. Le rayon parti du soleil est une portion d’un tout ; mais le soleil est dans le rayon, puisque c’est le rayon du soleil : il n’y a pas séparation, mais seulement extension de substance. Il en est ainsi du Verbe, Esprit engendré d’un Esprit, Dieu de Dieu, comme la lumière émane de la lumière. La source de la lumière ne perd rien ni de sa substance ni de son éclat lorsqu’elle se répand et se communique. De même, ce qui procède de Dieu est Dieu, fils de Dieu, et les deux ne font qu’un, Esprit de l’Esprit, Dieu de Dieu, autre en propriété, non en nombre, en ordre, non en nature", sorti de son principe sans le quitter.

Ce rayon de Dieu, ainsi qu’il était prédit dès l’origine des temps, est descendu dans une Vierge, et, devenu chair