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telle que Larentia ; ( encore si c’était Laïs ou Phryné !) quand vous érigez une statue à Simon le Magicien, avec cette inscription : Au dieu saint ! quand vous placez parmi les dieux je ne sais quel infâme favori, quoique, à vrai dire, vos anciennes divinités ne valent pas mieux, cependant elles regardent comme un outrage de votre part que vous accordiez à d’autres un droit dont elles seules étaient en possession depuis tant de siècles.

XIV. Venons à vos rites religieux. Je ne parle pas de vos sacrifices où vous n’offrez que des victimes mortes, infectes, rongées par les ulcères. S’en rencontre-t-il de meilleures, d’intactes ? vous avez grand soin de n’en donner que les extrémités, tout ce qui n’est bon à rien, et qu’à la maison vous auriez jeté à vos esclaves ou à vos chiens. De la dîme que vous devez à Hercule, il n’en paraît pas le tiers sur ses autels. Sage économie ! je dois la louer ; elle sauve du moins une partie de ce qui sans elle serait entièrement perdu.

Mais si je détourne les yeux sur les ouvrages où vous puisez des leçons de sagesse et de morale, que je trouve de fables ridicules ! Vos dieux, partagés entre les Grecs et les Troyens, combattent les uns contre les autres, comme des couples de gladiateurs. Vénus est blessée d’une flèche lancée par une main mortelle ; Mars est dévoré d’ennui pendant treize mois dans les fers ; Jupiter, enchaîné par la troupe des dieux, ne doit sa liberté qu’à un monstre ; tantôt il pleure la mort de son fils Sarpédon ; tantôt brûlé d’un amour incestueux pour sa sœur, il lui nomme toutes ses maîtresses, qui lui sont bien moins chères, s’il faut l’en croire.

D’après l’exemple de leur prince, quels poètes craignent de déshonorer les dieux ? L’un envoie Apollon garder les troupeaux d’Admète ; l’autre fait de Neptune un maçon, et loue ses services à Laomédon de Troie. Un fameux lyrique, Pindare, chante qu’Esculape fut frappé de la foudre pour avoir exercé la médecine avec une avarice criminelle. Quelle