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ailleurs : « Il a envoyé à son peuple sur la terre son souffle, et son esprit à ceux qui foulent aux pieds la terre. » Il communique d’abord l’âme, c’est-à-dire le souffle, au peuple qui marche sur la terre, c’est-à-dire qui vit charnellement dans la chair ; puis, l’esprit à ceux qui foulent aux pieds la terre, c’est-à-dire, qui triomphent des œuvres de la chair, puisque l’Apôtre dit lui-même : « Ce n’est pas le premier corps qui est spirituel, c’est le corps animal ; après lui, vient le spirituel. » Car quoique par ces paroles : « Voilà maintenant l’os de mes os, et la chair de ma chair ; c’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair, » Adam ait prophétisé sur-le-champ, « que ce sacrement était grand et qu’il signifiait le Christ et l’Église, » Adam fut momentanément ravi en esprit. L’extase, cette vertu de l’Esprit saint, qui opère la prophétie, descendit sur lui ; car l’esprit mauvais n’est de même qu’un accident passager. Enfin, l’esprit de Dieu convertit autant dans la suite Saül « en un autre homme, » c’est-à-dire en prophète, lorsqu’il a été dit : « Qu’est-il arrivé au Fils de Cis ? Saül aussi est-il prophète ? » que l’esprit malfaisant le changea plus tard en un autre homme, c’est-à-dire en apostat. Le démon entra aussi dans Judas, qui fut compté pendant quelque temps parmi les élus, jusqu’à ce qu’il fût chargé de la bourse, déjà voleur, mais non encore souillé de trahison. Conséquemment si l’esprit de Dieu, ni l’esprit du démon n’est semé avec l’âme au moment de la naissance, il est donc reconnu qu’elle est seule, avant l’arrivée de l’un ou de l’autre esprit. S’il est établi qu’elle est seule, il en résulte encore qu’elle est simple, uniforme, et qu’elle ne respire par aucun autre principe, que par la condition même de sa substance.

XII. Ainsi, par l’esprit, le Mens des Latins, le Νοῦς des Grecs, nous n’entendons pas autre chose que cette faculté qui naît avec l’âme, réside en elle, et lui appartient par droit de naissance, faculté par laquelle elle agit, par laquelle