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mêmes de la prétexte, de la trabée, du laticlave. On fait marcher devant elles les verges et les faisceaux. Quoi de plus juste ? Les démons sont les magistrats du monde : ils portent les faisceaux et la pourpre des magistrats.

Toutefois, à quoi te servira de revêtir les insignes, si tu ne veux pas exercer le pouvoir ? Personne ne peut paraître sans taches sous un habit couvert de taches. Si tu prends une tunique déjà souillée par elle-même, il se peut que tu ne la souilles pas, mais à coup sûr elle te souillera. Toi donc qui allègues l’exemple de Joseph et de Daniel, sache-le bien, il ne faut pas toujours comparer : l’ancienneté avec la nouveauté, la grossièreté avec la politesse, l’origine avec le développement, l’esclavage avec la liberté. Ces saints personnages, en effet, étaient esclaves : toi, au contraire, « qui n’es l’esclave de personne, excepté du Christ » qui même t’a délivré de la captivité du siècle, tu devras le conduire d’après l’exemple du Seigneur. Ton maître a marché dans l’humiliation et l’obscurité ; sans demeure certaine : « Le Fils de l’Homme, a-t-il dit, n’a pas où reposer sa tète ; » n’ayant que des vêtements grossiers : autrement il n’aurait pas dit : « Voilà que ceux qui sont vêtus délicatement habitent le palais des rois ; » enfin, « sans gloire dans son visage et dans son extérieur, » comme Isaïe l’avait encore annoncé d’avance. S’il n’a jamais exercé aucun pouvoir, même sur ses disciples, auxquels il rendit les services les plus humbles ; il y a plus, si, connaissant bien sa royauté, il refusa d’être roi, il montra clairement aux siens comment il fallait en user avec l’élévation et le faste de la dignité non moins que du pouvoir. A qui, je le demande, eussent ils mieux convenu qu’au Fils de Dieu ? Que de faisceaux auraient marché devant lui ! Quelle pourpre aurait flotté sur ses épaules ! Quel diadème aurait brillé sur sa tête, s’il n’avait jugé que la gloire du siècle est chose étrangère à lui et à ses disciples, i Donc la gloire qu’il n’a pas voulue, il l’a rejetée ; celle qu’il a rejetée, il l’a condamnée ; celle