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formellement à un sacerdoce, à un sacrifice ? je ne m’y rendrai pas : il s’agit là d’un honneur tout idolâtrique. Il y a plus, je n’y contribuerai ni de mes avis ni de mes deniers, ni par aucune autre assistance. Présent à un sacrifice auquel l’on m’a invité, je participe à l’idolâtrie. Ai-je accepté l’invitation pour une toute autre cause ? je ne suis plus qu’un simple spectateur du sacrifice.

XVII. Mais que feront les serviteurs ou les affranchis chrétiens attachés par leurs fonctions à des maîtres, à des patrons ou à des magistrats qui offrent des sacrifices ? Si quelqu’un présente le vin au sacrificateur, je dis plus, s’il prononce des paroles nécessaires à l’accomplissement du sacrifice, il sera compté pour un ministre des idoles. Fidèles à ce principe, nous pouvons servir les magistrats et les puissances, comme l’ont fait les patriarches et nos aïeux, qui ont servi les rois idolâtres, mais seulement jusqu’aux limites de l’idolâtrie.

De là s’est élevée dernièrement une autre discussion : Un serviteur de Dieu peut-il exercer quelque fonction publique en s’abstenant, soit par une faveur spéciale, soit même par ruse, de toute espèce d’idolâtrie, de même que Joseph et Daniel demeurèrent étrangers à l’idolâtrie du monde, tout en exerçant le pouvoir, et en gouvernant sous la pourpre les empires d’Égypte et de Babylone ? Un Chrétien, nous devons le reconnaître, peut accepter les honneurs, mais à titre d’honneurs seulement, pourvu qu’il ne sacrifie pas, qu’il ne prête pas son autorité aux sacrifices, qu’il ne fournisse pas de victimes, qu’il ne délègue pas à d’autres le soin d’entretenir les temples, qu’il ne leur assigne aucuns revenus, qu’il ne doune pas de spectacles à ses frais ou aux frais de l’État, qu’il ne préside pas à leur célébration, qu’il n’établisse ou ne publie aucune fête, et même qu’il ne jure pas ; pourvu ensuite que, dans l’exercice de son pouvoir, il ne décide jamais de la vie ou de l’honneur des autres (j’excepte les affaires d’argent) ; qu’il ne juge ni ne condamne après ou d’avance ; pourvu qu’