Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/222

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avec ses dards si difficiles à arracher, se guérit lui-même en broutant le dictame. L’hirondelle a-t-elle aveuglé ses petits ? elle sait leur rendre la vue par l’application de la chélidoine, qu’elle a découverte. Le pécheur, qui sait que l’exomologèse est établie de Dieu pour le rendre au salut, négligera-t-il celle qui replaça sur le trône le roi de Babylone ? Ce roi, en effet, travaillant à l’exomologèse par une humiliation de sept ans, laissant croître ses ongles à la manière de l’aigle, et semblable au lion par la forêt inculte de sa chevelure, offrit long-temps au Seigneur le sacrifice de sa pénitence. Merveilleuse récompense de cet extérieur sauvage ! Celui qui était pour les hommes un spectacle d’horreur trouvait grâce devant Dieu ! Au contraire, le monarque égyptien, qui refusa si long-temps à son maître le peuple de Dieu qu’il accablait de tribulations, et qui après l’avoir congédié, vola sur ses pas pour le combattre, après tant de plaies qui auraient dû l’avertir, périt englouti dans les flots d’une mer qui ne s’ouvrait qu’au peuple élu, et laissa ensuite retomber ses vagues. Pourquoi ce châtiment ? L’impie avait répudié la pénitence, et l’exomologèse qui en est comme le ministre. Mais pourquoi parler plus long-temps de ces deux planches du salut de l’homme, paraissant viser plus à l’ambition du style qu’obéir à l’impulsion de ma conscience ? Pécheur moi-même, chargé de toute espèce de flétrissures, et né seulement pour la pénitence, comment me tairais-je sur elle, puisqu’Adam, le premier auteur de la vie humaine et de la révolte contre le Seigneur, restitué par la pénitence au, paradis qui lui avait été destiné, ne cesse de la publier ?