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a ces sentiments, une fois baptisé, doit plus s’attrister, si je ne me trompe, d’avoir répudié le péché, que se réjouir d’y avoir échappé.

Les Auditeurs doivent donc désirer le baptême, mais non le précipiter. Qui le désire l’honore ; qui le précipite n’est qu’un orgueilleux. Dans le premier, c’est respect, dans le second, irrévérence ; celui-ci s’impose des efforts, celui-là se livre à la négligence ; celui-ci aspire à mériter, celui-là réclame l’acquittement d’une dette ; celui-ci reçoit, celui-là envahit. Lequel, à ton avis, est le plus digne de cette grâce, sinon le mieux corrigé ? le mieux corrigé, sinon le plus réservé ? par conséquent, celui qui a fait une pénitence véritable. En effet, il a craint de pécher par la crainte de ne pas recevoir. Au contraire, cet autre orgueilleux, qui se promettait le bienfait comme l’acquittement d’une dette, n’a pas pu craindre dans sa folle sécurité ; par conséquent il n’a pas rempli les conditions de la pénitence, puisqu’il n’a pas eu la crainte, qui est l’instrument de la pénitence. La présomption est une partie de l’impudeur ; elle enfle celui qui demande, elle méprise celui qui donne ; souvent même elle le trompe. En effet, elle sollicite comme un droit, avant d’avoir mérité, moyen infaillible d’offenser le maître du bienfait.

VII. O Jésus-Christ, mon Seigneur, accorde à tes serviteurs la faveur de connaître ou d’apprendre de ma bouche la règle de la pénitence, en ce sens qu’il est défendu aux catéchumènes eux-mêmes de pécher ! Autrement ils ne comprendront jamais rien de la pénitence, jamais ils ne la désireront. Il me répugne de mentionner ici la seconde, ou, pour mieux dire, la dernière espérance, de peur qu’en traitant de la ressource du repentir, je ne semble ouvrir une carrière au péché. A Dieu ne plaise que l’on interprète assez mal ma pensée pour s’imaginer que la faculté de se repentir soit la faculté de pécher encore, et que la surabondance de la miséricorde céleste soit une ouverture à l’insolence de la témérité humaine ! Ainsi, que personne ne