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de la chair est une hostie qui apaise le Seigneur » par le sacrifice de l’humiliation, lorsque, satisfaite d’une nourriture frugale et d’un peu d’eau pour boisson, elle offre au Seigneur sa pauvreté et son abstinence ; lorsqu’elle accumule jeûnes sur jeûnes ; lorsqu’elle vit sur le sac et la cendre. Cette patience du corps accrédite nos prières, elle appuie nos demandes, elle ouvre les oreilles de Jésus-Christ notre Dieu ; elle désarme sa sévérité, elle attire sa miséricorde. Ainsi ce roi de Babylone, pendant qu’il était exilé de la forme humaine, ayant, par une pénitence et une humiliation de sept ans, immolé au Seigneur qu’il avait offensé, la patience de son corps recouvra son royaume, et, ce qui est plus désirable pour l’homme, rentra en grâce avec Dieu par la satisfaction.

En outre, si nous voulons parcourir les degrés plus éminents et plus heureux de la patience corporelle, nous trouverons qu’elle contribue à la sainteté par la continence de la chair. C’est elle qui contient la veuve, qui marque la vierge de son sceau, qui élève jusqu’au royaume des cieux l’eunuque volontaire. Ce qui vient de la vertu de l’ame s’accomplit dans la chair par la patience de la chair. Enfin, elle combat dans les persécutions. Est-il nécessaire de fuir ? la chair lutte contre les périls de la fuite ; sommes-nous jetés dans les cachots ? c’est la chair qui porte des chaînes, la chair qui monte sur le chevalet, la chair qui couche sur la dure, la chair qui languit dans cette pauvreté de la lumière et ce désert du monde. Et quand arrive l’épreuve de la félicité, quand vient l’heure du second baptême, la patience du corps est le premier degré qui nous fait monter vers le ciel. S’il est vrai que « l’esprit soit prompt, il est vrai aussi que la chair est faible sans la patience, » qui est le salut de l’esprit et de la chair elle-même. Mais, quand le Seigneur dit ; de la chair qu’elle est faible, il nous montre ce qui la fortifie, c’est-à-dire la patience, qui triomphe de la flagellation, des flammes, de la croix, des bêtes féroces, en un mot de tout ce qui est mis en œuvre pour renverser ou