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et l’excuse auprès d’un frère impatient et irrité. » Le voilà donc ressuscité celui qui était mort, ressuscité parce qu’il a embrassé la pénitence ! La pénitence ne périt pas si elle trouve la patience. La charité, en effet, est le grand sacrement de notre foi, le trésor du nom chrétien ; aussi l’Apôtre nous la recommande-t-il avec toute l’énergie de l’Esprit saint. Mais elle ne se forme qu’à l’école de la patience. « La charité, dit-il, est magnanime ; » il l’associe à la patience. « Elle est bienfaisante ; » la patience ne fait pas le mal. « Elle n’est point jalouse ; » caractère distinctif de la patience. « Elle n’est point arrogante ; » elle a emprunté à la patience sa modestie. « Elle ne s’enfle point, elle n’est point orgueilleuse. » Rien de cela, en effet, dans la patience. « Elle ne cherche point son propre avantage, » puisqu’elle offre ses biens pour être utile à autrui. « Elle ne s’irrite pas. » En un mot, quelle part eût-elle laissée à l’impatience ? Voilà pourquoi, ajoute l’Apôtre, « la charité souffre tout, elle endure tout, » sans doute parce qu’elle est patiente. C’est donc à juste titre qu’il est dit « qu’elle ne finira jamais. « Les autres choses auront leur terme et leur consommation : langues, sciences, prophéties, tout passera ; la foi, l’espérance, la charité demeureront éternellement ; » la foi, que la patience du Christ nous a communiquée ; l’espérance, qu’attend la patience de l’homme ; la charité, que la patience accompagne, ainsi que l’enseigne notre Dieu.

XIII. Jusqu’ici nous n’avons parlé que de la patience, simple, uniforme, et résidant seulement dans l’ame. Voyons maintenant comment la patience, en ce qui concerne le corps, contribue à nous mériter l’amitié du Seigneur, puisqu’il a donné aussi à nos corps des forces suffisantes pour pratiquer cette vertu. En effet l’ame, qui tient en nous le gouvernail, communique aisément au navire qu’elle habite la cargaison de l’Esprit. Quel est donc l’exercice de la patience dans le corps ? D’abord « la tribulation