Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 2.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

Seigneur, principalement en cette rencontre, où provoquée par la malice d’autrui, elle entreprend sur les droits du maître dans la poursuite de la vengeance, et qui, par les représailles, double le mal qui a été commis. La vengeance, aux yeux de l’erreur, semble une consolation de l’outrage ; aux regards de la vérité, elle n’est que la réaction de la méchanceté. Quelle différence y a-t-il entre l’agresseur et l’offensé, sinon que l’un commet le mal le premier, et l’autre le second ? Tous deux cependant sont coupables devant Dieu d’outrages envers l’homme, parce que Dieu interdit et condamne tout ce qui est mal. La postériorité de la violence n’est point une excuse ; le lieu ne sépare point ce qu’unit la ressemblance. Le précepte est absolu : « Tu ne rendras point le mal pour le mal. » Même action, même salaire. Comment observerons-nous ce commandement, si, objets du dédain tout à l’heure, nous ne dédaignons pas à notre tour la vengeance ? Quel honneur sacrifierons-nous à Dieu, si nous usurpons le droit de nous défendre ? Eh quoi ! vases de terre que nous sommes, instruments de misère, nous condamnons rigoureusement nos esclaves quand ils se vengent eux-mêmes de quelqu’un de leurs compagnons ! Ceux, au contraire, qui nous ont fait hommage de leur patience, et qui, se souvenant de leur servitude et de leur humiliation, ont respecté le droit du maître, nous les approuvons ; nous faisons plus, nous leur procurons une satisfaction plus grande qu’ils ne l’auraient prise par eux-mêmes. Et nous, nos intérêts courent-ils quelque risque, remis entre les mains d’un Dieu si équitable dans ses jugements, si puissant dans l’exécution ? Pourquoi donc le regardons-nous comme juge, s’il n’est vengeur aussi ? C’est la promesse qu’il nous fait dans ces mots : « A moi la vengeance, et je l’exercerai ! » c’est-à-dire offrez-moi votre patience, et je vous en récompenserai. En effet, quand il dit : « Ne jugez pas, si vous ne voulez pas être jugés, » ne demande-t-il pas notre patience ? Qui, enfin, ne jugera point autrui, sinon quiconque