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soyez les fils de votre Père céleste. » Tu vois quel père nous acquérons par la patience. Toute la loi de la patience est renfermée dans ce commandement principal, puisqu’il n’est pas permis de faire mal, même pour les raisons en apparence les plus légitimes.

VII. Maintenant, si nous parcourons les autres causes de l’impatience, nous trouverons à chacune un précepte qui lui répond. Tu es sensible à la perle de tes biens ? Mais à chaque page de ses Ecritures, le Seigneur nous avertit de mépriser le siècle. D’ailleurs, quelle plus puissante exhortation pour nous engager à dédaigner l’argent, que l’exemple du Seigneur lui-même, qui ne connut pas les richesses ; qui n’a que des bénédictions pour les pauvres, des anathèmes pour les riches ! Le dédain qu’il témoigne pour l’opulence nous prépare à l’exercice de la patience, puisqu’il nous montre par le mépris des richesses qu’il faut en compter les pertes pour rien. Ce que nous n’avons pas droit de désirer, parce que le Seigneur lui-même ne l’a pas désiré, nous devons en supporter la diminution ou l’entier enlèvement sans douleur. L’Esprit du Seigneur a déclaré par la bouche de l’Apôtre, « que la cupidité était la racine de tous les maux. » Mais qu’elle consiste simplement à convoiter le bien d’autrui, ne l’imaginons pas. Ce que nous croyons à nous appartient à autrui. Nous n’avons, en effet, rien en propre. Tout est à Dieu, puisque nos personnes même sont à lui. Ainsi, supporter impatiemment quelque dommage, c’est toucher de bien près à la cupidité, puisque nous regrettons comme quelque chose de personnel un bien étranger. Nous convoitons le bien d’autrui, lorsque nous ressentons avec douleur la perte de ce qui n’est pas à nous. Quiconque est trop sensible à sa disgrace, préférant ainsi les biens terrestres aux biens célestes, pèche directement contre Dieu. Pourquoi ? parce que l’attachement aux choses du monde anéantit dans le fidèle l’Esprit qu’il a reçu du Seigneur. Sachons donc renoncer courageusement aux biens de la terre,