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sa défense. D’abord, point de vêtement plus commode à prendre ni moins embarrassant. Il n’est pas nécessaire qu’un artiste en forme la veille les plis depuis le haut jusqu’en bas, qu’il les arrondisse en baguettes, qu’il les rassemble en un point central qui soit comme le bouclier de la robe, et qu’il en fixe la forme avec des agrafes. Il ne faut pas non plus que revenant le lendemain avec le jour, après avoir pris la ceinture et la robe à laquelle il convenait de donner moins d’ampleur ; après avoir reconnu si le nœud était en bon état et avoir réformé ce qui pouvait y manquer, il allonge la robe du côté gauche ; qu’il retire des épaules cette immense circonvolution d’où naît le sein là où les plis cessent ; ni qu’après avoir dégagé le côté droit, il la rejette sur le gauche avec un autre pan de cette robe, plissé comme le premier, qui va battre sur le dos, jetant ainsi sur celui qu’il habille un fardeau véritable. J’en appelle à ta conscience : n’est-il pas vrai que la toge est pour toi un fardeau plutôt qu’un vêtement ? Que portes-tu ? un paquet ou un habit ? Si tu le nies, je te suivrai jusqu’à la maison ; je te verrai te précipiter dès que tu auras touché le seuil : on ne se débarrasse jamais d’aucun vêtement avec autant de plaisir que de la toge.

Nous ne disons rien des souliers, qui sont, à proprement parler, le supplice de la toge, qui souillent les pieds en les protégeant, et dont l’usage est si déraisonnable. Ne vaut-il pas mieux marcher les pieds nus pour s’endurcir au froid et à la chaleur, que de se mettre à la torture dans des souliers ? Avouons-le ! les cordonniers de Venise, avec leurs brodequins efféminés, ont rendu un admirable service à la commodité de la marche.

Au contraire, rien de plus libre que le manteau, fût-il double comme celui de Cratès ; il ne faut pas tant d’apprêts pour s’en revêtir. Tout l’effort qu’il réclame, c’est qu’on s’en couvre en le déployant. On le peut d’un seul jet qui environne avec bienséance tout le corps de l’homme, parce