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navire : je vois Jonas et les Apôtres naviguer. Il y a plus ; le Christ est couvert d’une robe ; Paul porte un manteau. Vous me nommez un dieu du siècle comme auteur de chaque vase, de chaque meuble : mais reconnaissez nécessairement, vous dirai-je, que le Christ repose sur un lit, qu’il présente le bassin aux pieds de ses disciples, qu’il verse de l’eau d’une amphore, et qu’il se ceint avec un linge blanc qui est le vêtement particulier d’Osiris. Je réponds donc à cette question dans tous ses points, en accordant que l’usage de ces meubles est commun à tous, mais en les distinguant en légitimes et illégitimes, parce que l’usage nous trompe, en nous cachant la corruption de leur situation présente par laquelle « ils sont sujets à la vanité. » Nous disons enfin qu’ils ont servi à nos usages, à ceux de nos devanciers, aux choses de Dieu, et au Christ lui-même, comme apportant de simples utilités, des aides certaines et d’honnêtes soulagements aux nécessités de la vie humaine, de manière qu’il faut les croire inspirés par Dieu lui-même, dont la providence veillait à l’instruction, aux besoins et peut-être aux plaisirs de l’homme, sa créature. Mais tout ce qui dépasse l’ordre ci-dessus ne convient point à nos usages, surtout ce qui, à cause des raisons précédentes, ne peut se reconnaître ni dans le monde, ni dans les choses de Dieu, ni dans les errements du Christ.

IX. D’ailleurs quel patriarche, quel prophète, quel lévite ou quel prêtre, quel préposé, en un mot quel apôtre, quel évangéliste, quel évêque se trouve avoir été couronné ? Je n’imagine pas non plus que le temple de Dieu, l’arche d’alliance, le tabernacle du martyre, l’autel ni le chandelier ait été couronnés. Avouons-le cependant : si c’eût été chose digne de Dieu, il leur eût convenu de l’être dans la première solennité de la dédicace, et dans la seconde réjouissance de leur rétablissement. Or, si ces symboles nous désignaient nous-mêmes ( « car nous sommes et les temples de Dieu » et ses autels, et ses flambeaux et ses