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un bandeau à Priape ; à Ariane, un diadème d’or et de perles orientales, ouvrage de Vulcain, présent de Bacchus et depuis radieuse constellation. Callimaque environne Junon de pampres ; voilà pourquoi sa statue, entourée de feuilles de vignes à Argos, et foulant aux pieds une peau de lion, montre cette marâtre étalant avec orgueil les dépouilles triomphales de ses deux beaux-fils. Hercule couronne son front, tantôt de peuplier, tantôt d’olivier sauvage, tantôt d’ache. Tu as la tragédie de Cerbère ; tu as Pindare ; tu as Callimaque, qui raconte qu’Apollon, après avoir immolé le serpent de Delphes, prit la couronne de laurier pendant qu’il sacrifiait, car quiconque sacrifiait aux dieux chez les anciens, prenait la couronne. Harpocration explique pourquoi Bacchus, l’Osiris des Egyptiens, adopta le lierre : la propriété du lierre, dit-il, est de préserver contre la pesanteur du cerveau. Le vulgaire lui-même, quand il appelle du nom de Grande couronne les jours solennels consacrés à Bacchus, témoigne assez que ce dieu est le premier qui introduisit l’usage de la couronne de laurier avec laquelle il triompha des Indes. Si tu parcours les écrits de Léon l’Egyptien, tu y verras qu’Isis la première environna sa tête d’une guirlande d’épis, ce qui était plutôt le fait du ventre. Qui veut en savoir davantage, peut interroger Claudius Saturninus, écrivain fort habile en cette matière. Nous avons de lui un livre intitulé, Des couronnes, où il en expose si savamment l’origine, les causes, les espèces et les solennités différentes, qu’on ne peut trouver si agréable rameau, si joyeuse fleur, si riant feuillage qui ne soit consacré à quelque tête.

Que ces détails nous suffisent pour nous apprendre à quel point nous devons repousser l’usage des couronnes, puisqu’il a été introduit par ceux et ensuite affecté à l’honneur de ceux que le monde regarde comme des dieux. En effet, si le démon, qui est menteur dès l’origine, établit aussi bien de ce côté que d’autre part le mensonge de sa