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des signes prodigieux capables d’ébranler les élus, s’il est possible. A-t-il hésité peut-être à déclarer, et cela à Saül lui-même dans lequel il habitait déjà, qu’il était le prophète de Dieu ? Qu’il y en ait eu un autre qui produisait le fantôme, un autre qui le contemplait, ne l’imagine pas : c’était le même esprit qui représentait frauduleusement et dans la fausse prophétesse et dans l’apostat, ce qu’il avait fait croire, l’esprit par lequel « le trésor de Saül était là où était son cœur, » c’est-à-dire là où n’était pas Dieu. Il a donc vu par celui qui lui avait persuadé qu’il verrait, parce qu’il a cru à celui par qui il a vu.

— Mais on nous oppose les images nocturnes. Ce n’est pas en vain, nous dit-on, que les morts se sont montrés, et cela plus d’une fois. Les Nasamons, ainsi que l’écrivent Héraclide, Nymphore ou Hérodote, consultent des oracles domestiques en séjournant auprès du tombeau de leurs parents. Nicandre affirme que les Celtes passent la nuit, pour la même raison, devant les monuments des héros.

— Les morts ne se présentent pas en songe devant nos yeux plus réellement que les vivants ; mais il en est des morts comme des vivants, et en général de tout ce qui se voit. En effet, les choses sont véritables, non parce qu’elles se voient, mais parce qu’elles s’accomplissent. Il faut juger de la fidélité des songes par l’effet et non par la vue. Que les enfers ne s’ouvrent à aucune âme, le Seigneur, sous le nom d’Abraham, le confirme suffisamment par cet argument du pauvre qui repose et du riche qui gémit. Non, personne ne peut sortir pour annoncer ce qui se passe dans les enfers ; chose qui aurait pu être permise alors cependant, pour que l’on crût à Moïse et aux prophètes. Quoique la vertu de Dieu ait rappelé quelques âmes dans leur corps pour attester ses droits, ce n’est pas une raison pour qu’il y ait communauté entre la foi, l’audace des magiciens, l’imposture des songes, et les licences des poètes. Loin de là ! Dans les exemples de résurrection, lorsque Ja vertu de Dieu rend les âmes à leur corps, soit par ses prophètes,