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ressuscitons-nous pas de même ? Langage qui n’étonne pas de la part des Gentils, mais qui n’étonne pas davantage de la part des hérétiques. En effet, quelle différence y a-t-il entre eux, sinon que les païens croient en ne croyant pas, mais que les hérétiques ne croient pas en croyant ?

Enfin, ils lisent : « Vous l’avez abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges. » Ils ne laissent pas de nier toutefois la substance inférieure du Christ, même lorsqu’il déclare qu’il « n’est pas même un homme, mais un ver de terre, » lui qui n’a eu ni éclat ni beauté, mais dont l’extérieur était sans gloire et méprisé parmi les hommes, homme de douleur, sachant supporter les infirmités. » Ils reconnaissent l’homme mêlé au Dieu, et ils nient l’homme ! Ils croient qu’il est mort, et ce qui est mort, ils le soutiennent né de l’incorruptibilité, comme si la corruption était autre chose que la mort ! ----Mais notre chair devrait ressusciter immédiatement. Attendez. Le Christ n’a pas encore vaincu ses ennemis pour triompher de ses ennemis avec ses amis.

XVI. Mais voilà qu’Alexandre se fait jour, entraîné par sa passion pour la dispute, selon le caractère de l’hérésie, comme si nous affirmions que le Christ a revêtu une chair d’origine terrestre, afin d’anéantir en lui-même la chair du péché. Quand même nous le soutiendrions, nous aurions de quoi défendre notre sentiment, mais sans tomber dans, l’extravagance de cet hérétique qui nous fait dire que la chair du Christ a été anéantie dans sa personne en qualité de pécheresse : il nous souvient qu’elle règne dans les cieux, à la droite du Père, et nous enseignons qu’elle en descendra un jour, dans tout l’appareil de la majesté paternelle. Ainsi, comme nous ne pouvons dire qu’elle ait été anéantie. nous ne pouvons dire qu’elle était pécheresse, ni qu’elle ait été jamais anéantie, « puisqu’elle n’a jamais péché. » Ce que nous soutenons, le voici : c’est, non pas la chair du péché, mais le péché de la chair qui est anéanti dans le Christ ; non pas la matière, mais la nature ;