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terrestre qu’il caractérise aussi la nôtre. Mais je ne découvre en lui rien de nouveau, rien d’étranger. Enfin, si on s’étonnait que le Christ fût homme, c’était uniquement à cause de ses paroles, de ses actions, de sa doctrine et de sa puissance. On eût remarqué la chair dans laquelle il paraissait, comme une nouveauté et un prodige. Au contraire, c’étaient les qualités d’une chair terrestre, ordinaires par elles-mêmes, qui rendaient tout le reste si remarquable en lui, lorsqu’on disait : « D’où lui viennent cette doctrine et ces miracles ? » Ainsi parlaient même ceux qui n’avaient que du mépris pour sa personne. Tant s’en faut, en effet, qu’une clarté céleste brillât sur son visage, qu’il n’avait même aucun trait de la beauté humaine. Quand même les prophètes ne nous eussent rien appris « de son extérieur sans gloire, » ses souffrances et ses ignominies parlent assez haut ; ses souffrances racontent son humanité ; ses ignominies, l’abjection de son extérieur. Quel téméraire eût osé loucher, même du bout de l’ongle, un corps nouveau, ou souiller par des crachats une figure, à moins qu’elle ne parût le mériter ? Que viens-tu nous parler d’une chair céleste, toi qui n’as rien pour établir qu’elle est céleste ? Pourquoi nies-tu qu’elle ail été formée de terre, lorsque tu as de quoi montrer qu’elle était terrestre ? Elle a eu faim lors de la tentation du démon ; elle a eu soi ! à l’occasion de la Samaritaine ; elle a pleuré sur Lazare ; elle a tremblé aux approches de la mort, « car la chair est faible, » est-il dit ; enfin elle a répandu tout son sang. Voilà, j’imagine, des signes d’une nature céleste !

Mais comment cette chair eût-elle pu être exposée aux mépris et aux souffrances, comme je l’ai dit, si quelques rayons d’une céleste origine eussent brillé en elle ? Parla donc, nous démontrons qu’elle n’avait rien de céleste, afin qu’elle pût subir les mépris et les souffrances.

X. J’arrive maintenant à d’autres hommes, également sages à leurs propres yeux, qui affirment que la chair du Christ