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la chair, ainsi que l’a fait Apelles, son disciple, et depuis son déserteur ; ou bien, tout en confessant la chair et la naissance, leur donner une autre interprétation, avec Valentin, autre disciple et déserteur de Marcion. Mais qui a pu soutenir le premier, que la chair de Jésus-Christ était imaginaire, a bien pu supposer aussi que sa naissance n’était qu’un fantôme ; de même que la conception, la grossesse, l’enfantement d’une vierge, et successivement toute la vie de cet enfant, une chimère. Toutes ces circonstances auraient trompé les mêmes yeux et les mêmes sens qu’avait déjà fermés l’illusion de la chair.

II. Toutefois la naissance est annoncée formellement par Gabriel. Mais qu’importent à Marcion et l’ange du Créateur et la conception dans le sein d’une vierge ? Que lui sert Isaïe, prophète du Créateur. Il hait les lenteurs, celui qui apportait des cieux un Christ improvisé. « Dérobez à mes yeux, dit-il, ces rigoureux édits de César, cette hôtellerie misérable, ces langes souillés, cette crèche incommode. Que cette multitude d’anges, occupée à honorer son maître, ne se laisse pas abuser par des illusions nocturnes ! Laissez, plutôt ces bergers à leurs troupeaux ; que les mages s’épargnent les fatigues d’une si longue roule : je leur fais grâces de leurs richesses. Qu’Hérode se montre plus humain, afin que Jérémie ne se glorifie pas de sa prédiction. Point de circoncision pour l’enfant, de peur qu’il ne gémisse. Point de présentation au temple, de peur que les frais d’une offrande ne soient onéreux pour ses parents ; ne le remettez point entre les mains de Siméon, de peur qu’un vieillard prêt à mourir n’en soit contristé ; enfin, imposez silence à cette prophétesse surannée, de peur qu’elle ne fascine l’enfant. » Voilà par quels conseils, sans doute, ô Marcion ! tu as osé supprimer les preuves authentiques de l’humanité du Christ, pour anéantir du même coup la vérité de sa chair. Mais de quel droit, je te