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diras-tu. Oui, le corps du Christ est un corps, mais non une chair réelle. — Quelle qu’en soit la substance ; quand l’Apôtre parle du corps de celui qu’il déclare plus bas « ressuscité d’entre les morts, » on ne peut entendre autre chose qu’un corps de celle même chair, contre laquelle a été prononcée la loi de mort. Mais voilà qu’il rend témoignage à la loi et l’excuse en inculpant le péché. « Que dirons-nous donc ? La loi est-elle le péché ? Loin de nous ce blasphème ! » Rougis, Marcion ! « Loin de nous ce blasphème ! » L’entends-tu ? L’Apôtre prononce anathème contre le censeur de la loi.

— « Mais je n’ai connu le péché que par la loi, » ajoutes-tu. — Merveilleux bienfait de la loi, que d’avoir l’ait connaître le péché ! « Ce n’est donc pas la loi qui m’a séduit, mais le péché à l’occasion du commandement. » Pourquoi attribuer au dieu de la loi ce que l’Apôtre n’ose pas imputer à la loi elle-même ? Voici qui est plus clair encore : « La loi est sainte, le précepte est juste et bon. » Singulier moyen vraiment pour ruiner la foi au Créateur, que celle vénération pour sa loi ! Comment distinguer encore deux dieux, l’un juste et l’autre bon, lorsque le dieu dont le précepte est à la foi juste et bon, doit être cru l’un et l’autre ? Avec la confirmation de la loi spirituelle arrive aussi la loi prophétique et figurée. J’ai maintenant à établir que le Christ a été annoncé d’une manière figurée par la loi, de sorte qu’il ne pût pas être reconnu par tous les Juifs.

XIV. « Si son Père l’a envoyé revêtu d’une chair semblable à celle du péché. » Il ne suit pas de cet aveu que la chair aperçue dans le Christ ne fût qu’un fantôme. L’Apôtre assigne plus haut le péché à la chair. « Elle est pour lui cette loi du péché qui habile dans ses membres et qui combat contre la loi de l’esprit. » Aussi « le fils a-t-il été envoyé revêtu d’une chair semblable à celle du péché, afin de racheter la chair du péché par une substance qui lui fût semblable, » c’est-à-dire, par une substance