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avait déjà révélé une autre divinité, et alors le témoignage de Paul devenait doublement indispensable, soit pour se faire reconnaître l’apôtre du Dieu révélé par le Christ, soit parce qu’il n’était pas permis à l’apôtre de cacher le Dieu qui avait déjà manifesté le Christ ; ou bien celui-ci n’avait encore révélé aucune divinité inconnue, et alors nécessité d’autant plus impérieuse pour l’apôtre de promulguer un Dieu qui n’attendait plus d’autre prédicateur. Car sans doute le monde n’eût pas cru à un dieu sur lequel le Christ et l’apôtre ne se seraient pas expliqués.

Nous avons établi d’avance ces principes afin de démontrer, comme précédemment pour le Christ, que nul autre dieu n’a été prêché par l’apôtre. Au reste, la forme que l’hérésie donnée à l’Evangile est déjà un préjugé qu’elle a mutilé les épîtres de Paul.

II. Nous aussi nous adoptons l’épître adressée aux Galates comme très-décisive contre le Judaïsme. En effet, l’abolition de la loi antique émane pour nous de la volonté providentielle du Créateur, ainsi que nous l’avons tant de fois démontré dans celle discussion, quand il s’est agit du renouvellement annoncé par les prophètes de notre Dieu. Que si le Créateur lui-même a déclaré d’avance que la loi antique céderait la place à la loi nouvelle ; que si, d’un autre côté, le Christ, marquant l’époque qui sépare ces deux alliances, a dit : « La loi et les prophètes finissent à Jean ; » limite commune de ces deux révolutions, dressée entre l’antiquité qui finit, et la nouveauté qui commence, il suit de toute nécessité que l’apôtre, prédicateur et instrument du Christ révélé depuis Jean, infirme l’alliance antique, et confirme la nouvelle. Donc, par là même, il ne promulgue d’autre foi que celle du Dieu Créateur, chez lequel était annoncée cette révolution. Ainsi, la loi mosaïque qu’il détruit, et l’Evangile qu’il travaille à édifier, vont directement contre le but de Marcion dans celle épître aux Galates où l’apôtre combat une foi qui, tout en admettant