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XIII
VIE DE TERTULLIEN.


-modum, dit saint Augustin, etiam ab ipsis (cataphrygibus) divisus, sua conventicula propagavit. L’évêque d’Hippone est d’autant plus digne de foi dans ce témoignage, qu’il eut le bonheur de mettre fin, sous son épiscopat, à cette hérésie qui rappelait si malheureusement les aberrations d’un illustre génie. Ses disciples allèrent toujours en s’affaiblissant jusqu’à cette époque. Le grand docteur de l’Afrique eut avec eux plusieurs conférences, dans lesquelles il déploya toute la puissance d’une raison calme et persévérante. Ils se rendirent à ses arguments, et passèrent dans l’Église catholique, a laquelle ils réunirent leur basilique, alors fort connue à Carthage. Nous devons encore ces détails à la plume de saint Augustin, dans sa lettre à l’évêque, Quod-Vult-Deus. Tertullianistæ, inquit, a Tertulliano, usque ad nostrum tempus paulatim deficientes, in extremis reliquiis durare potuerunt in urbe Carthaginiensi. Me autem ibi posito ante aliquot annos, omni ex parte consumpti sunt. Paucissimi enim qui remanserunt, in catholicam transierunt, suamque basilicam quæ nunc etiam notissima est, catholicæ tradiderunt. Ailleurs il dit qu’il les ramena, rationabiliter cum illis disputans.

Quelques-uns, sur la foi de leurs regrets et de leurs espérances, plutôt que sur celle de documents qui eussent la moindre valeur, ont affirmé que Tertullien était rentré dans le sein de l’Église avant de mourir. Nous voudrions qu’il en fût ainsi pour la mémoire de ce grand homme. Mais, nous le disons avec peine, on ne trouve ni dans ses écrits, ni dans ceux de l’antiquité, aucun indice qui justifie cette assertion. Loin de là, tous ceux qui le suivirent de près s’accordent à dire qu’il acheva sa carrière dans un vieillesse avancée, vers l’an 245, hors de la communion catholique. Il nous serait doux néanmoins de penser que, prêt à paraître devant le Dieu pour lequel il avait si long-temps combattu, il abjura intérieurement ses erreurs, et que tombé il trouva grâce devant celui à qui il devait son merveilleux génie.

Quelques ouvrages de Tertullien ont été perdus : ce sont les Traités sur l’Origine de l’âme, sur le Paradis, sur le Destin, sur l’Espérance des fidèles. D’autres lui sont attribués, mais à tort ; on n’y reconnaît ni sa manière, ni son style.

Avant de terminer cette notice biographique, il nous a paru important d’exposer ici les principales erreurs de Tertullien,