Page:Tertullien - Œuvres complètes, traduction Genoud, 1852, tome 1.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

avaient payé à Judas sa trahison, et aux soldats le faux témoignage que ses apôtres avaient enlevé secrètement le cadavre. Point de milieu ! ou les Juifs n’ont pas subi ces châtiments à cause de lui ; mais alors tu donnes un solennel démenti aux Ecritures qui s’accordent avec les événements et l’ordre des temps : ou si ces calamités sont le prix du déicide, quel autre que son propre Christ le Créateur aurait-il vengé de la sorte, lui qui aurait dû récompenser Judas si les Juifs avaient tué l’ennemi de leur maître ? Toutefois si le Christ du Créateur, à cause duquel ils doivent, d’après les prophètes, éprouver ces traitements, n’est pas encore venu, ils les éprouveront donc lorsqu’il sera venu. Mais alors où sera « cette fille de Sion condamnée au délaissement, » puisqu’il n’est plus de fille de Sion ? « Où seront les cités qui doivent être brûlées, » quand les cités sont déjà en cendres ? Où est la nation à disperser ? La voilà déjà disséminée. Rends donc aux Juifs leur ancien état, pour que le Christ du Créateur retrouve un peuple Juif ; puis, soutiens après que c’est un autre Christ qui est descendu. Nouvelle inconséquence ! Me persuaderas-tu jamais qu’il ait admis dans ses demeures célestes celui qu’il devait immoler sur la terre, après avoir violé la région la plus glorieuse de son empire, et foulé aux pieds la majesté de son palais, le siége de sa puissance ?

— Il l’attira méchamment dans ses pièges !

— Eh bien oui ; mon Dieu « est un Dieu jaloux ; » toutefois il a vaincu le tien. Rougis donc de croire à un dieu vaincu. Qu’espères-tu d’un dieu impuissant à se protéger ? En effet, c’est par faiblesse qu’il s’est laissé vaincre par les vertus et les hommes du Créateur, ou par malice, afin qu’en permettant ces outrages, il chargeât ces meurtriers d’un grand crime.

XXIV. — Loin de là, dis-tu, j’attends de lui comme témoignage qui constate leur différence, l’éternelle et céleste possession du royaume de Dieu. D’ailleurs, votre Christ