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Nullement. Ils ne le reconnaissaient point pour leur Christ. Voilà tout le mystère. Le moyen, je te prie, qu’ils reconnussent pour christ étranger un dieu sur lequel l’antiquité était muette, lorsqu’ils n’ont pu comprendre celui qui leur avait été annoncé. On peut comprendre ou ne pas comprendre ce qui ayant pour soi la prophétie, fournit matière à la reconnaissance ou à la méprise. Mais une vaine chimère admet-elle la prédiction ? Ce n’était donc pas l’envoyé d’un autre dieu qu’ils maudirent et crucifièrent. Ils l’estimèrent un simple mortel, un imposteur qui se jouait de la crédulité publique par ses prestiges, et cherchait à introduire une religion nouvelle. Cet homme, cet imposteur, était de leur nation, un juif, par conséquent, mais un juif rebelle et destructeur du Judaïsme. A ce titre, ils le traînèrent devant leurs tribunaux et lui appliquèrent la rigueur de leurs lois. Etranger, ils no l’eussent jamais condamné. En deux mots, ils sont si loin de l’avoir pris pour un autre christ, qu’ils n’osèrent frapper un de ses disciples que parce qu’il était membre de leur nation.

VII. Enlevons maintenant toute excuse à l’hérésie et apprenons-lui en même temps qu’au juif, d’où proviennent les erreurs de celui qu’elle a choisi pour guide, justifiant ainsi à la lettre l’anathème de la loi nouvelle. « Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tombent tous les deux dans la même fosse. »

Les prophètes ont signalé sous de doubles images le double avènement de Jésus-Christ. Le premier devait se manifester au milieu des abaissements de toute nature. « Ii sera conduit à la mort comme un agneau ; il sera muet comme la brebis devant celui qui la tond. Son aspect est méprisable. Il se lèvera en la présence de Dieu comme un arbrisseau, comme un rejeton qui sort d’une terre aride. Il n’a ni éclat, ni beauté : Nous l’avons vu ; il était méconnaissable, méprisé, le dernier des hommes, homme de douleurs, familiarisé avec la misère ; son visage était, obscurci par les opprobres et par les ignominies. Son père