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Qu’ai-je besoin de la multitude de vos victimes ? Qui vous a demandé d’apporter ces offrandes ? » Mais admirons encore ici la sagesse de la providence. Ne connaissant que trop la pente du peuple juif vers l’idolâtrie et la prévarication, elle prit soin de l’attacher au culte véritable par un appareil de cérémonies imposantes, aussi propres à frapper les sens que la pompe des superstitions païennes elles-mêmes. Elle voulait qu’à cette pensée : Dieu l’ordonne, cela plaît à Dieu, Israël détournant ses regards des rites idolâtriques, ne cédât jamais à la tentation de se faire des idoles.

XIX. Jusque dans le commerce habituel de la vie et au milieu des détails les plus vulgaires, au dedans, au dehors, Dieu leur prescrivit la forme des moindres vases destinés aux ablutions, afin qu’environnés partout de ces observances légales, ils ne perdissent pas un moment de vue la présence de Dieu. En effet, « quelle autre condition de bonheur pour l’homme que de reposer sa volonté dans la loi sainte, et de la méditer et le jour et la nuit ? » N’imputons point à la sévérité de son fondateur la promulgation de cette loi. Elle est l’œuvre d’une bonté souveraine, qui travaillait à dompter la rudesse de son peuple, et soumettait, par des rites multipliés et fatigants, une foi novice encore. Nous ne parlons point ici des sens mystiques de cette loi, toute spirituelle, toute prophétique, symbole auguste de l’avenir. Il suffit pour le moment de démontrer que son but naturel étant d’enchaîner l’homme à Dieu, elle ne peut mériter aucun blâme, sinon celui des pervers qui ne veulent pas servir Dieu.

C’est encore dans ces vues bienfaisantes, bien plus que pour appesantir le fardeau de la loi, que la bonté du Très-Haut suscita dans ses prophètes des prédicateurs d’une morale digne de lui. « Faites disparaître de votre ame la malice de vos pensées : apprenez à faire le bien. Recherchez la justice ; relevez l’opprimé ; protégez l’orphelin ; défendez la veuve ; ne rejetez pas qui vous consulte ; fuyez le